MAO TSE TOUNG 2




Création le 3 décembre 2019

Cet article est la suite de l'article a 88 :

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L’Armée rouge déplace son quartier général à Yan’an, vieille ville fortifiée et important ancien centre commercial. Mao développe pendant 10 ans le mythe de la légende de la Longue Marche comme l’un des emblèmes les plus persistants du système qu’il va créer.

En 1935, il explique que la Chine a ses propres particularismes et condamne un « dogmatisme de gauche ». Mieux, il ose dire : « Si vous  n’avez jamais examiné un problème donné, vous perdrez le droit d’en parler". En août 1937, sa série de conférences prend fin en raison des conséquences à prévoir de l’avance japonaise sur Shanghai.

Il étudie Clausewitz selon lequel « la guerre est une politique avec effusion de sang ». Il conclut que la  victoire réside  dans la création « d’une vaste mer humaine dans laquelle l’ennemi sera englouti ». Suite à un bombardement aérien japonais, il déménage vers un village de grottes. Nous passerons sur sa vie privée très difficile, tandis que sa cause politique prospère : offensive majeure « des cent régiments » contre les Japonais, croissance de l’Armée rouge de 50 000 à 500 000 hommes.


En décembre 1940, il publie une liste complète des erreurs "ultra-gauchistes". En septembre 1941, il triomphe à la réunion du Politbureau qu'il décrira comme l'une des six étapes cruciales dans son ascension vers le pouvoir. Il est conre le savoir livresque, et pour la solution des problèmes pratiques. Et il est décidé de faire en sorte que son opinion finale soit acceptée.

Il lance le culte de "sa" personnalité : son portrait est peint sur tous les murs. Dès qu'ils ont trois ans, les enfants apprennent à chanter :
- Nous sommes tous les bons petits enfants du Président Mao.

Les Américains, contrariés par l'incapacité du gouvernement corrompu, cherchent des contacts avec Mao. Mais Russes et Américains jouent un double jeu qui n'est pas apprécié par Mao qui dépérit. Il reprend confiance quand le Président Truman cherche à réaliser une trève entre nationalistes et communistes.

  
En mars 1947, Mao et les communistes quittent Yan'an. La bataille finale a commencé.

 LES TIGRES DE PAPIER

Mao ordonne à ses troupes d'éviter le combat, chaque fois qu'elles ne peuvent pas remporter la victoire. C'est une tactique de l'usure qui porte ses fruits. L'offensive nationaliste s'enlise. Dès 1948, les contre-attaques communistes triomphent. Mao est surpris par la vitesse de cet effondrement. Il remarque : "Les nationalistes sont comme les oiseaux effrayés par la vibration de la corde de l'arc".

Chiang finit par admettre sa défaite et part pour Taiwan. La bataille de Chine est terminée. Mao est acclamé à Pékin. Puis il va à Moscou régler son contentieux avec Staline. Le 25 juin 1950 éclate la guerre de Corée alors que les Chinois se préparent à envahir Taiwan.

Le chef coréen du nord, Kim, envoie un message à Mao pour lui dire qu'il est au bord de la défaite. Les Américains franchissent le 38ème parallèle : c'est un "casus belli" pour la Chine. Le 25 novembre, les Chinois contre-attaquent, et Pyong Yang est repris, 24 000 militaires américains sont tués et Séoul, capitale de la Corée du Sud est occupée par les Nord Coréens. Puis elle est reprise par les Américains.

Une grande vague de répression sévit ensuite en Chine, plus de deux millions et demi de morts ... au nom du peuple. Dans sa crainte de voir le communisme s'affadir après la mort de Staline, Mao en fait l'apologie globale ; sauf quelques erreurs à la fin de sa vie. Il soutient l'inervention russe en Hongrie.

En début de 1956, deux forces poussent le Parti vers une libéralisation : la pénurie de main d'œuvre qualifiée et le refus de copier systématiquement les méthodes soviétiques.

 L'APPRENTI SORCIER

De ses origines paysannes, Mao favorise la création de coopératives, ainsi que l'autarcie au sein de l'Armée rouge. Le commerce extérieur est réduit au minimum, et seuls les Soviétiques sont appelés pour aider à la création d'une industrie.


Pour éviter la tendance des Chinois au capitalisme, Mao suscite "le Grand Bond en avant" et la "Révolution culturelle" et s'arroge l'autorité sur toute décision. Mais la collectivisation est peu efficace et engendre une pénurie alimentaire. Alors Mao opte pour plus de libéralisme : C'est la politique des "Cent fleurs", avec le slogan : "Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles de pensée rivalisent". Sous-entendu, parmi les mauvaises fleurs, il peut y en avoir de bonnes. Cette politique est une tâche herculéenne. Il fait un voyage en train de trois semaines pour essayer de convaincre que cela devrait être "calme et posé".

En privé ou en public, les discours de Mao sont contradictoires. Pour lui, ce sont les deux faces d'une même pièce :  "Dans l'unité des contraires, il y a toujours un aspect qui prime et l'autre qui est secondaire". Donc, avec lui, il n'y a rien de définitif. Il n
'est même pas persuadé que cela réussira : "Essayons et nous verrons bien".

Cela n'a pas manqué : aux critiques positives ont succédé des critiques négatives provenant des "herbes vénéneuses". Or Mao a sous-estimé le volume et l'amertume des critiques, ce qui l'a amené à faire (ou laissé faire) exiler 520 000 personnes à la campagne pour acquérir une conscience de classe auprès des paysans ... Cette expérience se termine par un échec.

En compensation il lance bizarrement une campagne sur l'élimination des "quatre animaux nuisibles" : pas de rats, de moineaux, de mouches ni de moustiques. Partout les citoyens se rallient à cet appel... à ceci près que les moineaux mangeaient les  chenilles qui s'attaquaient aux récoltes : C'est la catastrophe !



Plein d'imagination, Mao lance sa révolution industrielle : le "Grand Bond en avant". Le but, comme toujours est de faire grandir la Chine. La production d'acier augmente très sensiblement.  Mais le catalysenr est le lancement réussi  du satellite russe, qui fait prendre conscience à Mao des possibilités ouvertes par l'avancée technologique, même s'il ne sait pas comment l'accomplir.

Le 9 août 1958, il proclame officiellement "Les communes populaires, c'est bien !"  Mais à ce moment, les paysans sont obligés de construire des haut-fourneaux qui produisent de l'acier de mauvaise qualité et inutilisable, tout cela pour que l'administration chinoise annonce dez chiffres mirobolants ...

Devant les résultats désastreux, la question cruciale n'est plus de savoir si le Président a raison, mais si quelqu'un aura le courage de lui dire qu'il a tort. Mao joue un jeu dangereux : il préconise les critiques et casse ceux qui les font. En raison de la crise agricole, la famine resurgit  ; Kroutchev rapatrie les coopérants sovlétiques. En 1960, la Chine entière subit la famine : 20 millions de Chinois meurent de faim. Exit le Grand Bond.

RÊVERIES D'IMMORTALITÉ


Mao fait une autocritique extrêmement sommaire. DengXiaoping cite un proverbe sichanais : " Peu importe que le chat soit noir  ou blanc ; du moment qu'il attrape les souris, c'est un bon chat". Or le nombre d'exploitations familiales a augmenté au détriment du collectivisme, et la production agricole redevient prospère. Cela met en fureur Mao. 

Insensible aux dégâts de sa propre politique, dont il ne s'attribue qu'une modeste part, Mao redoute une résurgence du capitalisme,  qu'il accuse ses collègues de favoriser.


CATACLYSME

En février 1965, Mao va déclencher les événements qui plongeront la Chine dans le chaos de la "Grande Révolution culturelle". Le terme de "garde rouge" fait son apparition et déclenche la ferveur  d'un million d'écoliers et d'étudiants, ferveur dont Mao profite pour régler le sort de ses adversaires politiques. Il devient le "Grand Dirigeant, le Grand Professeur, le Grand Timonier, le Grand Commandant". Il a maintenant 72 ans.

Il y a une explosion de la violence : la révolution détruit ses propres enfants. Nous n'insisterons pas sur la description que l'auteur du livre fait de cette période trouble.


LES CHOSES SE DÉSAGRÈGENT

À la fin d'avril 1971, les chose prennent une tournure inquiétante. Alors que la santé de Mao s'affaiblit, les intrigues politiques repartent de plus belle. D'une part les relations sino-américaines s'améliorent, d'autre part, le problème de la succession de Mao reste entier, alors qu'il ne lui reste plus que deux ans à vivre.

Le 2 septembre 1976, Mao meurt d'une crise cardiaque.

ÉPILOGUE

Les contraintes politiques mises à part, évaluer le colosse qui  a arraché la Chine à sa torpeur moyenâgeuse, et l'a fait entrer dans le cadre d'une nation moderne, est une tâche redoutable.

Mao aura gouverné pendant 27 ans. Objet ensuite d'adulation comme de dérision,  il aura illustré la pensée de Napoléon Ier : "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera".
 
Dans un champ de céréales en 1950