MAO TSÉ TOUNG 1




Création le 3 octobre 2019

Philip SHORT a été pendant trente ans correspondant de la BBC dans diverses capitales, mais surtout à Pékin. Il a vécu en Chine dans les années 1970 et 1980 et y retourne régulièrement. Il propose en 1999 le récit aussi exact et objectif que possible d'un destin hors normes. Nous proposons l'occasion du soixante dixième anniversaire de la République populaire de Chine pour faire la recension de cet ouvrage.

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Dernière de couverture : On ne saurait comprendre l'extraordinaire "éveil" de la Chine d'aujourd'hui sans connaître le rôle qu'y a joué Mao Tsé Toung des années vingt aux années soixante dix. Car s'il y eut un géant au XXème siècle, c'est bien lui. Ce personnage à facettes multiples, poète et philosophe, chef de guerre et homme d'État, stratège génial, mais aussi, à l'occasion, politicien rusé, suscite à la fois une forme d'admiration pour l'œuvre accomplie et un violent mouvement de recul pour les moyens employés.

Seuls une présence sur place  au long de deux décennies complétée par de nombreux séjours ultérieurs, une parfaite familiarité avec la langue, l'histoire et le mode de vie des Chinois, une connaissance précise des rouages  du Parti communiste, une fréquentation durable de certains hommes clefs ont permis  à Philip Short d'accumuler près de 700 pages sur Mao Tsé Toung.

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 C'est au cours de la "Longue Marche" une retraite de 10 000 kilomètres face à l'armée de Chiang Kai Shek, où l'armée communiste a perdu les deux tiers de ses effectifs que Mao Tsé Toung s'est révêlé être un stratège hors pair. Il est devenu le Grand Timonier".

Maison natale de Mao

UNE ENFANCE CONFUCÉENNE

Mao est né dans une famille paysanne du Hunan, dans le village de Shaoshan en 1893 (année du serpent). Traduction de son nom, en principe : "chevelure ointe de l'Orient". Une famille aisée mais parcimonieuse. À six ans, il commence à aider aux champs. Puis il va à l'école, où la façon d'enseigner est déprimante. Du confucianisme, Mao retient trois idées clefs :
- chaque être humain doit avoir une direction morale ;
- on agit avec droiture que si la pensée est droite ;
- importance de la culture personnelle.

À quatorze ans, son mariage est un fiasco, avec une fille de six ans son ainée. Alors que la Chine est en train de changer suite à la décadence intérieure et la pression étrangère. Mais les Hunanais sont les plus conservateurs et les plus violemment hostiles aux étrangers. Et Mao  se sent déprimé au sujet de l'avenir de son pays : "J'ai commencé à comprendre que c'était le devoir de tous d'aider à le sauver".

À 17 ans, Mao devient admirateur du Japon, qui a supplanté la Russie en Extrême Orient suite à la guerre russo-japonaise.


RÉVOLUTION  

En 1911 éclate une révolte anti-mandchou. Mao y adhère, et coupe sa natte (ce qui est passible de mort), qui est un symbole de l'empire. Il écoute des discours révolutionnaires. Il est témoin d'une situation explosive et rejoint les forces révolutionnaires. L'Empereur démissionne enfin en 1912, et l'armée révolutionnaire est dissoute.

Mao en 1927
 Mao dira plus tard "Pensant que la révolution était terminée, je décidai de retourner à mes livres. J'avais été soldat pendant six mois".

LES SEIGNEURS DU DÉSORDRE

Pendant quelques mois, la Chine s'abandonne à une turbulente confusion. Mao s'inscrit dans une école dont l'enseignement est en anglais, langue qu'il ne connaît pas ! Ses études passent au premier plan et il est apprécié comme un étudiant exceptionnel. Il est élu "étudiant de l'année". Il songe à être professeur !

UN BOUILLONNEMENT D' "ISMES"

Aucun ouvrage sur le marxisme n'est alors disponible en Chine. Mao passe l'hiver 1918 à Pékin dans la pauvreté estudiantine. Il trouve un poste de professeur d'histoire à mi-temps. Mais dans les temps troublés en Chine après la première guerre mondiale, il se convertit lentement au marxisme dans un pays dirigé par les seigneurs de la guerre.

Le plus souvent sans le sou, il finit par avoir une vie sentimentale vraiment heureuse, mais au fil des années, la cause passe en premier, et la famille après.

LE KOMINTERN PREND LES CHOSES EN MAIN

Un envoyé du Komintern débarque à Shanghaï pour prendre en main une douzaine de révolutionaires chinois dont Mao et fonder le parti communiste chinois. Mao en devient le secrétaire. Il prend en main de nombreux conflits syndicaux ; les répressions sont très dures, et Mao devient pessimiste sur  l'efficacité future du syndicalisme en Chine.


En plus le Komintern veut asservir le parti communiste chinois à la Russie, ce que refusent les Chinois. À l'issue du IIIème Congrès, Mao devient Secrétaire général du Parti en 1923.

Dans les campagnes, les villages subissent un maximum de violences. Mao veut associer la paysannerie à la révolution ; utopie répondent les Russes. Mao reprend courage et conclut que sur les 400 millions de Chinois, 395 étaient révolutionnaires ou au moins d'une neutralité bienveillante.

Mao développe sa stratégie : pour réussir, il faut créer un court moment de terreur, et il diffuse l'image suivante : "Bandez l'arc, mais ne décochez pas la flèche, réfléchissez avant". Staline donne maintenant raison à Mao.


LES ÉVÉNEMENTS QUI ONT CONDUIT À L'INCIDENT DU JOUR DU CHEVAL ET SES SANGLANTES RÉPERCUTIONS

Le 12 avril 1927, la corne de brume retentit à l'ouest de Shangai. C'est le signal pour les troupes nationalistes de se mettre en position dans les quartiers communistes. Bilan de la matinée : 400 morts, et 200 le lendemain.

La communauté internationale s'inquiète de l'exportation possible des désordres chinois. Un massacre à Nankin commis par des soldats qui ont pillé plusieurs consulats augmente l'inquiétude. Le flot des mauvaises nouvelles se transforme en déluge, le massacre des communiste se fait par centaines de milliers. Les rafles se multiplient ; les dirigeants communistes sont obligés de se cacher.

À LA POINTE DU FUSIL

Une directive secrète, à laquelle Mao contribue, préconise de créer des troupes d'auto-défense des paysans, et si cela échoue, de se diriger vers les montagnes. Mao commence à organiser une insurrection armée.

Il y a loin de la théorie à la pratique. Le jeune Mao en fait l'amère expérience. Dans une Chine où sévit une guerre sans nom avec des massacres sans pitié, il est difficile de trouver sa voie. Il est fait prisonnier et réussit à s'échapper, évitant d'être exécuté. Il est également en butte à la jalousie de ses "camarades"qui ne pensent pas comme lui, qui s'intéresse d'abord aux paysans. Il invente le concept d' "Armée rouge" et veut faire d'un ramassis d'hommes armés une armée de métier qui se comporte avec correction et efficacité.

Un seul moyen pour faire une armée digne de ce nom : pratiquer des purges. Cela ne plait pas toujours : on lui demande de quitter "son" armée et de retourner faire de la politique. Suit une période d'isolement dans sa maison pendant cinq mois, au cours de laquelle il est plus ou moins malade, et finit par l'être vraiment en contractant la malaria.

Il prône la prudence dans la guerilla pour éviter les risques inutiles et coûteux. Il déclare qu'exécuter de mauvaises directives est une forme de sabotage. Sa prudence  est due au fait que l'armée Rouge est "pauvre en armes, très faiblement équipée en matériel de guerre, et exceptionnellement démunie en matière d'artillerie".

Puis le harcelement de l'ennemi fait place à une victoire. Mao et les commandements militaires ont carte blanche. Mais, revers de la médaille, au cours des deux mois suivants, l'armée Rouge est au bord de l'anéantissement total. Mao redresse la situation avec maestria.

Pendant ce temps, en 1931, le Japon envahit la Mandchourie crée une diversion. La stratégie de Mao a payé : le mouvement paysan a surpassé de loin le mouvement révolutionnaire des villes.

FUTIAN : PERTE D'INNOCENCE

Mao lance alors une purge dans les milieux communistes avec exécutions capitales en série. Le petit bourg de Futian est sur la rivière Fu, dans un paysage pyrénéen. Il est le théâtre de tortures sous prétexte de purge. À la moindre divergence ou au moindre soupçon, il y a torture et exécution. La technique est la suivante : "Vous forcez quelqu'un à avouer ; il avoue, vous le croyez et vous le tuez ; ou bien il n'avoue pas et vous le tuez". Les prétextes étaient fallacieux, mais des milliers de Chinois en sont mort.

PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Le 7 novembre 1931, six cents délégués proclament la fondation de la République soviétique chinoise. Le premier Congrès nomme Mao Président et chef de gouvernement. Peut-être une bonne façon de le mettre à l'écart.

En butte à l'hostilité de certains membres du Comité central, Mao est en proie au doute. Il se réfugie dans une grotte pour méditer, se soigner et panser ses blessures politiques. On refait appel à lui.

À LA RECHERCHE DU DRAGON GRIS : LA LONGUE MARCHE VERS LE NORD

En 1934, le chancelier allemand Adolf Hitler lance la sanglante "Nuit des longs couteaux" contre les "Chemises Brunes" qui l'avaient aidé à accéder au pouvoir.

La Longue Marche
Devant l'aggression japonaise, Mao propose  de signer une trêve pour s'opposer au Japon. Que cette aggression reste impunie est une humiliation terrible pour les Chinois.

La première tâche de Mao est d'essayer de restaurer le moral de l'armée. Il se lance dans une éblouissante démonstration de guerre mobile, le moment de sa carrière dont il sera le plus fier. (voir la carte). A Huili, la décision est prise d'aller vers le nord : ce sera "la Longue Marche". à travers des sentiers "glissants comme de l'huile" et dans un épais brouillard.

Pont de Luding
 Au-dessus de l'eau bouillonnante, le pont de Luding est composé de 13 chaines de fer avec un plancher de madriers posés irrégulièrement. Les nationalistes ont enlevé une partie des madriers, et le pont est la cible des mitrailleuses. Le commando de l'armée rouge réussit un miracle : celle-ci peut traverser le fleuve.

Les hommes ne portent que des sandales de paille sur la neige. Des 86 000 hommes au départ, il en reste moins de 15 000, mais c'est la fête lors de la rencontre avec l'armée du Nord. De plus la traversée d'un marécage est un véritable supplice. Le destin de l'Armée rouge ne tient plus qu'à un fil. Les 5 000 hommes restants aboutissent enfin dans une région aride et désertique. Mao va y passer les douze années suivantes.

Il réussit à faire des accords anti-japonais. Or les événements s'accélèrent à une vitesse stupéfiante. Chiang Kai-shek a été arrêté. Mais il est peu après remis en liberté. Les troupes japonaises envahissent Pékin ...


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