L'INDOCHINE FRANÇAISE


Création le 16 mai 2023

Martin Benoist vit à Étretat depuis 2014. Un temps cuisinier, un temps enseignant, un temps vendeur de calvados, il s’est consacré exclusivement à la réalisation documentaire. En 2014, il a fait dans « La Nouvelle Revue d’Histoire »  un article : « L’Indochine, le joyau de l’Empire ». Cet article s’intéresse à l’Indochine jusqu’en 1940, date à laquelle elle a été occupée par les Japonais.

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À l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931, la reconstitution du temple d’Angkor rencontre un grand succès. Les réussites de l’aventure asiatique ont longtemps masqué les difficultés rencontrées et les limites du bilan colonial. Brillant organisateur, Paul Doumer emploie son mandat de gouverneur général, de 1897 à 1902, à substituer  aux mandarins annamites des administrateurs français, dont l’objectif est de rendre la colonisation rentable.

 


Des monopoles sur le sel, l’alcool et l’opium assurent des revenus importants, mais favorisent la corruption. La Banque d’Indochine reçoit le monopole de l’émission des piastres, nouvelle monnaie indexée sur l’argent. Le développement de l’agriculture, mais aussi de la production de caoutchouc, comptent parmi les succès de la colonisation. Les grands travaux d’irrigation permettent de mettre en valeur 1,8 millions d’hectares de rizières. La production de charbon est multipliée par quatre. Aux 24 000 kilomètres de routes viennent s’ajouter 3 000 kilomètres de voies ferrées.

En revanche, peu d’industries sont développées : quelques cotonneries et cimenteries. La proportion des coolies (paysans sans terre employés dans les grandes plantations) va croissante. Une toute petite intelligentsia existe : elle se recrute parmi les fils de familles suffisamment fortunées pour avoir pu leur financer des études en France. La société semble ainsi verrouillée par les quelque 42 000 colons face à une population de 20 millions d’habitants.

La prépondérance française suscite d’abord un phénomène de retrait de la part d’une élite mandarine et lettrée, peu nombreuse, et qui échoue dans une tentative d’insurrection en 1916. On voit alors naître un réformisme modéré. La charnière des années 20 est marquée par l’alternance entre la répression, puis l’ouverture pratiquée par Alexandre Varenne, qui recueille les doléances, rassemblées  dans les « Cahiers des vœux annamites » … 

 

La contagion anticolonialiste,  qui frappe l’Inde, les Philippines et l’Indonésie, touche l’Indochine : le 9 février 1930, 200 tirailleurs de la garnison de Yen Bai se révoltent sous l’autorité d’un sergent. Puis l’Association de la jeunesse révolutionnaire, est organisée en parti communiste, à partir de janvier 1930 ; elle a à sa tête Nguyen Ai Quoc, connu ultérieurement sous le nom d’Ho Chi Minh. Elle organise une grande grève, mais heurte les traditions rurales, et se cantonne alors à l’action syndicale.

La crise économique mondiale met fin à la croissance des année 20. La dépression affecte surtout le riz, le caoutchouc, le charbon, les métaux. En 1930, la piastre n’a plus cours et se voit indexée sur le franc. La France soutient le caoutchouc, mais la société coloniale est névrosée, les diplômés indochinois frustrés … Les personnalités française du Front populaire se contentent seulement de favoriser la liberté de la presse, ainsi que la journée de huit heures. C’est le début de la fin.