LES COMPAGNIES DES INDES

 


Création le 29 décembre 2022

« Les Compagnies des Indes » est un ouvrage collectif publié aux éditions Gallimard, sous les auspices du Ministère français de la Défense, et sous la direction de René Estienne, explorateur :
« Une entreprise stratégique et commerciale sous l'Ancien Régime, ou comment la France se lança dans la mondialisation … »

C'est ainsi que, pour plus d'un milliard de livres tournois, poivre, épices, café, thé, porcelaines, cotonnades et soieries sont rapportés d'Afrique et d'Amérique, de l'île Bourbon et de l'île de France, des comptoirs des Indes - avec Pondichéry pour capitale - et même de Chine. Ces cargaisons débarquent principalement au port de Lorient où, vendues aux enchères, elles viennent satisfaire le goût du luxe des élites puis diffuser dans toutes les couches de la société française un nouvel art de vivre.

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Dans un premier temps, il s’agit d’atteindre les Moluques, îles aux épices devenues indispensables pour la conservation d’une alimentation de plus en plus carnée. Cette affaire s’enracine dans la péninsule ibérique, puis atteint la France et l’Angleterre.

Pour accomplir le voyage, il faut disposer de navigateurs très expérimentés, de solides moyens financiers, et prendre des risques. En 1526, trois vaisseaux appareillent de Dieppe : deux regagnent la France après une tempête, le troisième tombe dans une embuscade ; les rescapés sont recueillis par des Portugais … Deuxième tentative depuis Honfleur, en 1527 : au terme du voyage, l’équipage est emprisonné …  Troisième tentative depuis Dieppe : À Sumatra, il embarque des épices de médiocre qualité, et il est atteint de typhoïde.

Saint Malo
 

Puis c’est à partir de Marseille, port neutre dans la guerre entre Venise et les Turcs, que commence le commerce français. Mais, en mai 1601, une Compagnie des marchands de Saint Malo envoie deux bâtiments vers les Moluques. L’un fait naufrage, l’autre ramène une riche cargaison d’épices.

En 1613, un navire ramène une cargaison de « 6320 sacs de poivre, 52 sacs d’indigo, une cassette remplie de 26 diamants, plusieurs coffres de la Chine, des balles de satin, toiles de coton et de soie ». Mais les navires suivants sont confisqués par les Hollandais. Richelieu, devenu principal ministre, négocie le traité de Compiègne en 1624.

En 1664, Louis XIV et Colbert créent, sous monopole d’État, la Compagnie des Indes orientales pour procurer au royaume de France des marchandises, que l'Europe est bien en peine de produire. Son histoire mouvementée se perpétue jusqu'à la Révolution sous diverses formes, statuts et appellations.


C’est une société par actions souscrites par les milieux fortunés du royaume. Les navires de fort tonnage sont construits principalement à Lorient, port en eau profonde, protégé par la citadelle de Port-Louis. En revanche les marchandises sont vendues au Havre et à Nantes. Le bilan financier est médiocre : la compagnie est trop étatique et soumise aux dictats hollandais.

EMPEREUR KHANGHI
 

Une Compagnie de la Chine est créée en 1660 dont le principal objectif est de « servir la gloire de Dieu et la propagation de la foi ». L’empereur Kanghi autorise la libre prédication du christianisme par les Jésuites. Il est féru d’astronomie, de mathématiques, de musique et d’horlogerie. Mais les ministres de Louis XIV demeurent méfiants. Les Jésuites se tournent alors vers une nouvelle Compagnie des Indes prévoyant un développement riche d’avenir. Une frénésie spéculative s’empare de la population. Le contre-coup ne tarde pas, aggravé par l’épidémie de peste.

En 1731, Les différentes Compagnies sont réunies dans la Compagnie perpétuelle des Indes, bien gérée, Ses actionnaires sont de valeur (comme par exemple Voltaire). Aux Indes, Dupleix conforte la position de la France, en entretenant  une petite troupe militaire, essentiellement composée de Bretons et de Parisiens, et complétés par un important recrutement local, les cipayes Indiens. La puissance montante du commerce privé fait que le commerce d’Asie apparaît presque à la portée de tous. En 1769, est décidée la suspension du privilège de la Compagnie des Indes. Lorient demeure le seul site des retours et des ventes.

Dès le début de la révolution française, les monopoles de toutes natures sont contestés. De nombreux banquiers sont condamnés à la guillotine. Avec la Terreur, c’est la fin des Compagnies des Indes.