LES SAMOURAÏS

 


 

Création le 29 avril 2022

Cet article est extrait de « La Nouvelle Revue d’Histoire » de juillet 2007, sous le titre « La voie de l’épée », par son directeur Dominique Venner.

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 Un monde sépare l’escrime pratiquée en Europe et le kendo, qui a des millions d’adeptes au Japon, et qui est un art martial. Deux adversaires se lèvent, le corps ceint de la cuirasse, le visage masqué. En main, ils tiennent le shinaï de bois dur. Avant la brève et fulgurante violence de l’assaut, le kendo est silence, recueillement, concentration …

Dès son jeune âge, le samouraï apprend à dominer sa peur, à s’endurcir aux intempéries, à développer une totale impassibilité en toute circonstance. Il apprend également à respecter et à accomplir scrupuleusement les rites qui sont l’armature de toute grande civilisation.

Anecdote : Est-ce bien là la tête de ton père ? demanda un jour un prince à un enfant samouraï âgé de sept ans à peine. La tête fraichement coupée qu’on lui présentait n’était pas celle de son père … Le prince avait été trompé, mais il ne fallait en aucun cas le tirer d’erreur. Après s’être incliné devant la tête avec tout le respect et le chagrin qui s’imposaient, l’enfant s’ouvrit brusquement les entrailles d’un coup de sabre. Tous les doutes du prince s’évanouirent devant cette démonstration sanglante d’amour filial …
Le père hors-la-loi parvint à s’échapper, et le souvenir de son enfant est encore honoré aujourd’hui dans la poésie et la tragédie japonaises.

 

Yorimoto

 La caste guerrière des Samouraï (bushi) est apparue dans la période troublée qu’a connu le Japon au XIème siècle. En 1192, Yorimoto est devenu par la guerre, la ruse et l’assassinat le personnage le plus puissant du Japon, et a pris le titre de shogun. Jusque là, le shogounat avait été une fonction exceptionnelle et temporaire confiée par l’empereur à un grand seigneur dans les situations de péril. Yorimoto en a fait une institution permanente de gouvernement. Le shogounat s’est maintenu jusqu’à la révolution Meiji de 1868.

Bushido

Après avoir conquis la Corée en 1259, l’empereur mongol Khubilaï entend établir son protectorat sur l’archipel nippon. Il lance à deux reprises, en 1274 et 1281, des tentatives d’invasion. Par miracle, des typhons (les kamikaze) dispersent la flotte des envahisseurs. Puis vient la période où les seigneurs provinciaux se font la guerre. Cette époque est parfois dénommée « période des royaumes combattants ». En 1542, les premiers Blancs, des Portugais, arrivent par hasard au Japon, apportant les armes à feu et le christianisme. En 1582, fondation du bourg de Yedo, la future Tokyo. En 1603, le Japon entre dans une période de paix intérieure reposant sur le pouvoir des Samouraï. La fin du XVIème siècle est marquée par des contacts accrus avec l’Occident. Mais une réaction violente se fait contre le catholicisme.

Au XVIIème siècle, une paix civile a rendu inutile l’entretien de nombreuses armées de samouraï. Un précepte a été formulé pour mieux définir le rôle des Samouraï : le Bushido ou « voie du guerrier » se nourrit du shintô, religion qui associe le culte des ancêtres à celui de la nature sacrée. Il faut se délivrer de la crainte de la mort : « Si on veut devenir un parfait samouraï, il est nécessaire de se préparer à la mort matin et soir, et jour après jour. » Le rite de la mort volontaire par éventrement, ou seppuku (hara-kiri) est un aboutissement. Le point du ventre placé sous le nombril est le centre de la vie.

Le Japon est ensuite de deux terribles famines en 1731 et en 1787. La misère, aggravée par les épidémies et les catastrophes naturelles justifie le rôle des Samouraï. Les Russes s’installent au nord de l’archipel des Kouriles en 1738. Le souverain de Kyoto reprend de l’autorité. On voit s’élaborer une mystique nationale et religieuse visant à faire de l’empereur un dieu vivant en même temps que le grand prêtre intermédiaire entre le peuple et les kamis, divinités de la tradition shintoïste. En 1853, une escadre américaine exige la soumission du Japon. Les Anglais et les Russes en font de même. Va suivre une période confuse, parsemée de révoltes de Samouraïs. En 1869, le pouvoir impérial contrôle la situation.

Puis c’est l’énorme révolution Meiji. Après une guerre civile de cinq ans, le nouvel empereur Meiji qui, en 1868, conduit un immense chantier de la modernisation du Japon. Ces opérations ruinent la petite noblesse des Samouraï, qui voit disparaître ses derniers privilèges, comme le recours à la vendetta et le port du double sabre.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la mort volontaire des jeunes kamikazes, nom qui signifie « vent divin » en est un exemple, en souvenir du typhon miraculeux qui a dispersé, en 1281, une flotte mongole d’invasion. Pour leur dernier vol, chaque pilote suicide emportait serré, contre le flanc, un sabre traditionnel. 

GLOSSAIRE JAPONAIS :

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