HISTOIRE DE LA CHINE 1

 

  

Création le 24 avril 2021

Danielle Elisseeff, née en 1938 est une historienne française spécialiste de la Chine.

Élève de l'École nationale des chartes et de l'École des Langues orientales, Danielle Elisseeff est membre statutaire du Centre d'études sur la Chine moderne. Elle enseigne également jusqu'en 2010 à l'École du Louvre l'archéologie ainsi que les arts de la Chine et du Japon. Elle a écrit « L’histoire de la Chine » aux Éditions du Rocher en 1997.

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Différentes générations de sinanthropes ont « garanti » dès 1950 que des « hommes » vivaient en Chine il y a près de 3 millions d’années. Mais c’est au début du IIème millénaire avant notre ère que les Chinois ont connu l’usage du bronze, après avoir inventé un millénaire plus tôt la vaisselle diversifiée. Ce grand pays a mis des siècles avant de parvenir à son unification. Nous nous limiterons à quelques évocations de personnages qui ont construit son destin, au long de chemins multiples et originaux.

 

                                      CONFUCIUS (551 -> 479 av JC)

Depuis 30 ans, ce philosophe revient à la mode en Chine. Il fit œuvre de roi sans royaume en divulguant l’enseignement. Il voulut très clairement remettre de l’ordre dans l’héritage culturel chinois. Du savoir ancien, il a tiré les éléments directement utiles à la société chinoise. Fils d’une famille de prêtres des cultes royaux, il tenta plus d’une fois de passer à l’action, mais il finit par comprendre qu’il se rendait indésirable.

Son enseignement tenait en cinq formules :
- le modèle de l’homme est le Prince, instruit, pondéré, policé ;
- un bon gouvernement est fondé sur le respect ;
- toute conduite des affaires est rythmée par des rites ;
- les rites mettent en action les principes de la morale ;
- les termes employés expriment une réalité reconnue de tous.

Le mouvement actuel de retour aux sources fonctionne aussi bien en Chine qu’à Taiwan : il estime que Confucius est le seul penseur sérieux que la philosophie chinoise ait jamais composé.

 

ZHUGE LIANG

                                             

Au fil des siècles, les légendes ont glorifié en lui le héros, l’homme d’État aux vues lointaines, le stratège inégalable, l’ingénieur génial, et le magicien aux pouvoirs immenses. On lui a attribué l’invention des flèches enflammées, celle d’appareils de sièges de fortifications, et même celle de la brouette. Ses ennemis observaient quotidiennement l’étoile de Zhuge Liang. Quand il sentit sa fin proche, il donna ses instructions à son officier d’ordonnance : ne pas l’enterrer aussitôt mais l’asseoir sur un lit pour faire croire qu’il n’était pas encore mort le plus longtemps possible, car son étoile s’éteindrait à l’instant même où l’on fermerait le couvercle du cercueil.

Son ennemi surveillait l’étoile et ne bougeait pas, tandis que pendant  ce temps les armées de Zhuge Liang battaient en retraite dans la plus grande discrétion.

 

LIANG WUDI

                              

L’empereur le plus justement célèbre a été l’empereur WU, qui a régné à Nankin de 502 à 549. Sa conversion profonde au bouddhisme remonte vers 515. Il a interdit qu’on immole des animaux et a fortiori des hommes. Il a pris l’habitude de faire des retraites dans des monastères, et de vivre pieusement, ainsi que sa femme. En 547, il a fait bâtir une grande pagode reliquaire pour abriter des fragments d’ongles et des cheveux de Bouddha. Il est mort en strict végétarien.


DAME WU

                                 

Un jour de l’an 624 naquit une fille d’une beauté extraordinaire. À 14 ans, sa beauté était telle que la rumeur parvint jusqu’à la Cour. Elle reçut d’emblée l’honneur d’entrer au harem en qualité de concubine de quatrième catégorie, ce qui la classait parmi les quarante premières épouses sur les cent vingt du harem.

Elle n’avait qu’un but : obtenir un fils pour prendre la place de l’impératrice, qu’elle réussit à impliquer dans une affaire de magie, et provoquer sa mort. Elle se fit introniser impératrice en titre, et exigea de pratiquer elle-même les rites en l’honneur de la terre sous prétexte que celle-ci était de nature « yin » donc féminine. Puis elle se fait créer le titre « d’impératrice du Ciel » (Tianhou). Mais son programme politique comportait beaucoup de données pleines d’humanité. Cependant, au delà du respect, elle fit régner la  terreur. Les chroniqueurs disent que tout à coup elle se crut immortelle. Sa réputation - et celle des femmes - fit penser que les femmes étaient inaptes au pouvoir et maléfiques par nature …

XUANG ZONG
                           

Le plus célèbre et sans doute le plus aimé des empereurs Tang. Il a régné de 712 à 756. Mais il a cédé aux charmes d’une belle, mais sotte, concubine, dame Yang. L’affaire se termina mal : Dame Yang adopta un chef de guerre ambitieux qui voulut prendre le pouvoir et mit la Chine à feu et à sang. Xuang Song s’enfuit, couvert de honte et de ridicule. Quand il reprit ses esprits, les troupes restées fidèles lui promirent une prompte restauration à condition qu’il se débarrasse de la sotte dame Yang. Ce qu’il fit et mourut de chagrin. Mais la Chine du nord était ruinée. Les troubles et les maladies gagnèrent le pays et favorisèrent les révoltes.

HUIZONG
                               

Et voici un empereur amoureux des objets beaux et rares. Il a régné de 1101 à 1125. Mais son goût affirmé pour les pierres aux formes étranges et contournées était excessif. Il en ornait sans fin les cours et les jardins du palais. Les plus belles de ces roches provenaient des provinces méridionales et arrivaient par bateaux … et déclenchaient des trafics fructueux. Cela finit par susciter une brève, mais terrible révolte. Mais Huizong fit mieux : pour lutter contre les Quidans, il fit appel aux Jurchet qui s’acquitèrent si bien de leur mission qu’ils prirent Pékin et firent prisonnier Huizong qui mourut en captivité.

 

TEMUDJIN

                      
  
Connu sous le surnom de Gengis Khan « L’empereur des mers », en 1206, il s’attaqua à la mythique « Grande Muraille, la contourna et rasa Pékin.

http://empirkersco.blogspot.com/2018/08/gengis-khan.html

 

KUBILAI
                             

 

Il souhaitait faire souffler sur l’administration chinoise un grand vent bouddhique. Il se fit reconnaître grand khan en 1260 par ses pairs et établit sa capitale à Pékin, qu’il avait détruite quelques années auparavant. Son trait de génie fut de se saisir de la batellerie chinoise, d’y entasser son armée et de lui faire descendre le fleuve, tandis que le reste de la cavalerie suivait sur les deux berges. La suite de l’histoire relève de l’épopée et de l’horreur … Son grand échec fut l’attaque contre le Japon.


HONG WU
                           

Zhou Yuanzhang était le fils d’un ouvrier agricole ; il survit à une épidémie de peste et se fit moine. Il rallia une révolte et épousa la fille de son chef. En 1364, il se proclama roi de Wu. En 1368, il prit Pékin et se fit proclamer empereur sous le nom de Hong Wu. Mais ses alliés exigèrent leur récompense, ce qu’il refusa. Cela aboutit à de nombreux massacres.

Et pourtant, son testament moral se ramène à six obligations :
- respecter la piété filiale ;
- respecter ses supérieurs ;
- vivre en harmonie avec ses voisins ;
- éduquer ses enfants ;
- se montrer content de son sort ;
- ne rien faire de mal.

Deux cent cinquante ans plus tard, la dynastie de Qing en a repris les termes … 

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La suite dans un prochain article.