Création le 28 janvier 2021
Gavin Menzies, commandant de sous-marin dans la Royal Navy, a passé son existence à parcourir le monde et les océans dans le sillage des grands navigateurs. Les recherches qu’il a entreprises pour écrire 1421 l’ont conduit à visiter 120 pays, plus de 900 musées et bibliothèques, et la quasi totalité des sites portuaires à travers le monde, changeant ainsi pour toujours l’histoire des grandes découvertes.
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Le 8 mars 1421, la plus grande flotte que le monde avait vue quitte les côtes chinoises. Ces immenses vaisseaux étaient commandés par les fidèles amiraux eunuques de l’empereur Zhu Di. Ils avaient ordre de naviguer jusqu’aux confins de la terre. Ces voyages allaient durer deux ans.
Mais d'abord qui était cet Empereur Zhu Di ? Son père d'Empereur était un journalier originaire des contrées les plus pauvres de Chine, ce qui ne l'a pas empêché de fonder la dynastie Ming. En se soulevant contre les Mongols, il a réussi à reprendre la capitale du nord : Ta-tu (Pékin).
Zhu Di
Zhu Di succède à son père. Aussi dynamique mais aussi féroce. Son arme : faire des eunuques qui lui seront totalement dévoués. L'un des nombreux enfants castrés, Zheng Hé, un Mongol converti à l'Islam, devient le conseiller de Zhu Di. Celui-ci finit par écraser ses adversaires, et les eunuques redeviennent à nouveau une force politique. Zhu Di construit la "Cité interdite" qu'il protège par un million de soldats. Il prolonge aussi la Muraille de Chine de 1 400 kilomètre ...
Il fait aussi agrandir et allonger le Grand Canal, principale artère commerciale entre le nord et le sud de la Chine. Trois cent mille ouvriers y participent.
Zeng Hé, un colosse, devient amiral de la flotte. Les nouveaux navires deviennent plus grands et plus nombreux. Au total plus de 4 000 navires, nécessitant la déforestation de millions de kilomètres carrés de forêts de teck de premier choix, y compris en Annam et au Tonkin.
Zhu Di veut faire de Pékin la capitale mondiale de la civilisation, et couvre de cadeaux les chefs d'État voisins, en échange de leur allégeance. Le moment venu Zhu Di convoque les Ambassadeurs, leur fait assister à un immense défilé militaire, et les fait rembarquer chargés de cadeaux, sur son Armada vers leur pays d'origine.
L'amital Zeng Hé, en grand uniforme, présente ses hommages à l'Empereur, et lui annonce qu'une armada comprenant quatre de ses grandes flottes se tenant prête à prendre la mer ... pour collecter le tribut des barbares au delà des mers.
Chaque vaisseau maître mesure 150 mètres de long et 50 mètres de large. Il possède une triple paroi en planches de teck, capable de résister aux tsunamis. Certains vaisseaux sont munis de compartiments étanches qui peuvent être inondés, et ainsi servir de piscine aux otaries utilisées pour la pêche. Des mathématiciens, astronomes, ingénieurs, architectes, métallurgistes, médecins, font partie des passagers.
Les flottes enmènent aussi des chiens, comme animaux de compagnie, mais aussi pour la boucherie. Beaucoup de marins devront mourir, ou être débarqués sur des terres étrangères pour y fonder des colonies.
Or deux mois après le départ de l'Armada, la foudre détruit le palais impérial de Pékin. Zhu Di est désespéré : c'est un message des dieux pour qu'il y ait un changement d'Empereur. Il fait son "mea culpa" public. En même temps, suite à la famine de 1421, une épidémie inconnue cause pendant deux ans la mort de 200 000 Chinois (chiens -> coronavirus ?). Dans une dernière tentative pour sauver son trône, Zhu Di décide l'arrêt des expéditions maritimes et interdit les voyages à l'étranger !
Par ailleurs une insurrection se déclare en 1418, et se répand à travers l'Annam et le Vietnam. Le chef de l'insurrection défait l'armée chinoise. En outre les Mongols refusent de payer le tribut à la Chine. Zhu Di perd un nouvelle bataille et meurt dans l'expédition. On lui fait des funérailles fantastiques ; seize concubines sont enterrées vivantes avec lui.
Son fils Zhu Gaozhi monte sur le trône en 1424, et mène une politique contraire à celle de son père : c'est le confinement. Le rapport de l'expédition est "perdu", les journaux de bord sont détruits. On laisse pourrir les vaisseaux ...
LE DÉPART DES FLOTTES CHINOISES
L'étoile polaire est révérée en Chine : toutes les autres étoiles tournent autour de Polaris, comme les courtisans tournent autour de l'Empereur. Le document ci-dessus a échappé à la destruction. Dès le VIIème siècle, les Chinois avaent inventé la boussole mais ne savent pas calculer la longitude. Construits de manière remarquable, les navires peuvent subir les tempêtes, mais il faut qu'ils naviguent par vent arrière en profitant de la mousson.
Les officiers savent très bien ce qu'on attend d'eux : aller jusqu'aux confins de la terre afin de soumettre les barbares au tribut, ou bien mourir en chemin. La plupart des marins sont d'anciens criminels, mais ils sont bien traités à bord.
Première étape : Calicut, sur la côte ouest de l'Inde, traversée de l'océan indien jusqu'au terrible cap de Bonne Espérance. À chaque étape, des sculpteurs ont laissé des stèles.
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| Piri Reis |
En 1428, un navigateur trouve à Venise une carte du monde où le détroit de Magellan est nommé « queue du dragon ». Cette carte est restée sous clef dans le trésor des rois portugais. En 1513 et en 1528-29, Piri Reis dessine deux cartes du monde, reprenant les cartes et les données de sa collection dont certaines remonteraient à l'Antiquité. La plus célèbre est celle de 1513, surnommée "Carte de Piri Reis" ; elle a été découverte en 1929 au Palais de Topkapı à Istaanbul. Cette carte a décrit les caractéristiques géographiques et la faune propre à l’Amérique du sud, avec une telle précision qu’elle ne pouvait représenter que la Patagonie. (On a trouvé en Amérique du sud des poules asiatiques, et en Asie du maïs américain)
Or, aux îles du Cap-Vert, les vents séparent la flotte chinois en deux : une partie fait route vers les Antilles, et l’autre vers le sud de l’Amérique, sous le commandement de l’Amiral Hong Bao, dont les cartographes repérent la Croix du Sud et la Canopée. La flotte arrive à la « Terre de Feu », ainsi nommée parce que les habitants y vivent nus et font des feux pour se réchauffer. Les équipages souffrent des tempêtes des « quarantièmes rugissants » ; la flotte aborde le continent austral, dépasse les îles Kerguelen et arrive en Australie. On y a récemment découvert une épave en bois d’acajou extrêmement dur, et une légende aborigène signale des « hommes jaunes ».
La suite dans un prochain article ...
