ANGKOR

 

 

Création le 17 août 2020

"La citée sacrée du Cambodge a atteint une puissance prodigieuse, avant peut-être de causer sa propre perte". Telle est l'annonce de l'article publié dans la revue "National Geographic" de juillet 2009. Texte de Richard Stone, photographies de Robert Clark.

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Au milieu de la forêt du nord du Cambodge, on aperçoit les ruines du Banteay Samrè, bâti au XIIème siècle et dédié au dieu indou Vishnou. Ce n'est qu'un temple parmi plus d'un millier de lieux sacrés édifiés par les Khmers dans la cité d'Angkor.

 Angkor a connu l'un des effondrements les plus méconnus de tous les temps. Le royaume khmer a duré du IXème au Xème siècle. Lorsque des missionnaires portugais découvrirent Angkor Vat, le temple le plus sophistiqué et le plus vaste monument du monde, la capitale de l'empire agonisait. L'explication la plus plausible est que la civilisation khmère, qui avait appris l'art d'apprivoiser les déluges saisonniers de l'Asie du Sud-Est, a perdu le contrôle de l'eau, la plus vitale des ressources, entraînant ainsi son déclin.


 

Les spectacles les plus somptueux se déroulaient quand le roi s'aventurait parmi ses sujets. Lors des processions royales, défilaient des éléphants, des chevaux harnachés d'or et des centaines de servantes du palais, parées de fleurs.


 Temple de Ta Prohom

 La monnaie n'existait pas à cette époque. Les finances de la capitale reposaient sur les tributs et sur les impôts. Tout se payait en riz, aliment de base des ouvriers enrôlés pour bâtir les temples, et 66 000 fermiers produisaient près de 2 500 tonnes de riz pour nourrir la multitude de prêtres, de danseuses et d'ouvriers du seul temple de Ta Prohom.

Angkor Vat

 

 Chaque dirigeant avait coutume de faire construire de nouveaux temples, laissant les anciens se dégrader. Mais un ennemi d'un autre genre que les guerriers adverses : un réseau hydraulique exceptionnel canalisait les pluies des moussons vers des lacs, qui alimentaient les rizières en période sèche. L'irrigation devait accroître les récoltes, et représentait un atout stratégique extrêmement précieux. Cela représentait aussi un combat épique livré par des générations d'ingénieurs khmers pour maîtriser un système hydraulique de plus en plus complexe et incontrôlable.


Autour d'Angkor, la mousson d'été dure à peu près de mai à octobre. Elle fournit près de 90 % des précipitation annuelles de la région. Or les cernes de croissance des arbres montrent de grandes sécheresses successives de 1362 à 1392, puis de 1415 à 1440. Ces conditions climatiques, qui auraient anéanti le fonctionnement des installations hydrauliques, ont pu porter le coup de grâce à un royaume déjà chancelant.

L'empire maya a connu un drame similaire. L'Europe a connu une ère glaciaire au Moyen Age. Que penser des prochaines décennies pour la population mondiale ?