MARCO POLO 1




Création le 1 janvier 2018

Les illustrations de cet article font partie du film « Marco Polo », une production de la RAI-TV. les textes sont de Maria Bellonci.

Né en 1254, décédé en 1324, Marco Polo a été marchand, explorateur et écrivain vénitien. Ses voyages sont racontés dans les « Livres des merveilles du monde » en 1300, ouvrage qui vante l’importance de la Chine, sa capitale Pékin, et d’autres citées asiatiques explorées.

Il avait de qui tenir : son père et son oncle ont voyagé en Asie et rencontré Kublaï Khan. Revenus à Venise pour rencontrer Marco pour la première fois ils sont emprisonnés lors de la guerre contre Gênes. Marco a écrit son livre en prison ! Il est libéré et devient un riche marchand. Ce n’était pas le premier Européen à atteindre la Chine, mais son livre a inspiré Christophe Colomb ainsi que beaucoup d’autres voyageurs …

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Debout immobile sur le débarcadère du Rialto (Port sur le Grand Canal), je percevais la respiration de Venise. Je le savais, je n’avais aucun doute : il fallait que je parte, coûte que coûte. J’avais alors quinze ans … On aperçoit de temps en temps dans la foule des hommes en armure : ce sont les Croisés, anglais ou français pour la plupart, qui se rendent en Terre Sainte et ressemblent à des statues de bronze.

Mon père et mon oncle étaient partis pour l’Orient, à Constantinople, en Crimée, en Perse, en Inde. Ils étaient partis et l’on n’avait reçu aucune nouvelle d’eux. Tous les voyageurs n’avaient-ils pas dit qu’au delà de la Perse et de l’Inde il n’y avait que le royaume de l’obscurité ?

Lors d’une bataille navale contre Gênes, perdue par Venise, Marco se retrouve blessé, puis prisonnier. Un autre prisonnier pisan lui propose d’écrire ses histoire, pour faciliter le paiement de la rançon. Et Polo de raconter.

Le retour de Niccolo et Matteo du fabuleux Cathay, revenant Ambassadeurs du Grand Seigneur des Mongols, avec des lettres pour le Pape, le Doge de Venise, et s’étant engagés à revenir avec les réponses. Le Grand Khan a l’intention de nouer des relations commerciales et des liens d’amitié avec le monde de l’Occident … Venise deviendrait ainsi le plus riche entrepôt du monde.

Les deux ambassadeurs planchent devant le Sénat de Venise ; ils montrent des morceaux de papier qui remplacent la monnaie d’or. Les Sénateurs éclatent de rire et de mépris. Il y a aussi vacance de la papauté. Donc les deux voyageurs préparent leur retour en Asie, en emmenant Marco, au moins jusqu’à Saint Jean d’Acre, la fleur de la Croisade en Palestine.

Ils arrivent au Palais du Légat du Pape. Teobaldo Visconti. Les deux voyageurs racontent leurs déboires auprès du Sénat de Venise. Quant à Marco, il intervient en disant qu’il serait bon de mieux connaître ces Mongols et de leur permettre de nous connaître. Le Légat apprécie : 
- La haine vient de ce qu’on ne connaît pas, de l’ignorance … Construire des routes, des ponts, cela signifie favoriser le passage des hommes avec leurs pensées nouvelles.

Les voyageurs se dirigent vers Jérusalem. Sur leur chemin, ils voient une caravane de Bédouins qui se fait massacrer par un groupe de croisés en armes, aux cris de « Dieu le veut ! ». Mais c’est la réciproque de ce que font sévir les dits bédouins. À Jérusalem, ils campent sur le Mont des Oliviers. Malgré la lettre d’introduction du Légat, ils doivent payer deux onces d’or par personne et porter un ruban bleu pour entrer dans Jérusalem.

Il leur est demandé de revenir à Saint Jean d’Acre : Teobaldo Visconti est devenu Pape, sous le nom de Grégoire X. Première décision : le Pape envoie sa bénédiction à Kubilaï Khan.


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(Il faut dire que ce pape a eu une histoire singulière : après trois ans de vacance de la papauté, les cardinaux n’arrivaient toujours pas à élire un pape. Ils furent enfermés sans nourriture au Vatican jusqu’à l’élection, et cela ne traîna pas. 



Ce pape fut un homme d’action, il fit la paix entre Gênes et Venise, et chercha l’alliance de Kubilaï Khan, en raison d’un grand nombre de chrétiens orientaux en Mongolie. Le voyage des Polo tombait à pic.)

Les Polo  ont emmené avec eux deux dominicains, suite à la demande de Kubilaï. Et il commence bien. Un groupe de cavaliers se dirigent vers eux. Ils cachent les crucifix dans le sable.
- Naharkum Sa’id !
- Naharkum Sa’id !
S’étant souhaité une heureuse journée, la loyauté interdit au Sarrazin de tuer les voyageurs !

Le voyage continue, ponctué par la soif. Ils aperçoivent au loin le mont Ararat, le mont de Noé. Un soir, ils escaladent une colline, un spectacle terrifiant les frappe. La terre est recouverte de guerriers et de chevaux morts. Mais Marco a une idée : il fonce vers le champ de bataille et récupère un maximum de gourdes d’eau. Un soir, ils sont fait prisonniers par  un groupe de Sarrasins et emprisonnés à Tabriz. Pendant qu’on tue les Mongols captifs, ils sont convoqués par le capitaine du groupe. Son nom est Ali ben Youssef, ex Lorenzo Alvisi, né à Raguse, capturé, mis en esclavage par un corsaire de Tripoli, et converti à l’Islam. Mais il avait été sauvé jadis par un Vénitien, et il tenait sa parole. Les deux dominicains craquent et retournent à Saint Jean d’Acre.

La route étant trop dangereuse, Niccolo décide de passer par Hormuz,  faire voile pour l’Inde et de là passer au Cathay (ancien nom de la Chine mongole). Horreur ! Une épidémie de peste décime la ville. Ils s’enfuient de justesse et poursuivent leur voyage par la route, en se joignant à une caravane, qui sera bientôt attaquée par une bande de pillards. Marco tombe malade et sa guérison prend du temps. 



Ils poursuivent leur voyage en pleine montagne tibétaine, et brusquement Marco glisse et est enfoui dans la neige. Il se réveille dans un monastère bouddhiste. Le chef des Lamas lui dit que ses compagnons sont sains et saufs dans un autre monastère. Les monastères communiquent entre eux au moyen des cloches …


Un matin, ils rencontrent un détachement de cavaliers mongols. Niccolo soulève au-dessus de sa tête les plaques d’or du commandement. De menaçants, les Mongols s’agenouillent, la tête contre le sable. Ils ont désormais une escorte et arrivent bientôt à une petite ville de tentes. 



Le chef s’appelle Bektor, un parent de Kubilaï Khan, qui leur fait assister à une fête : la princesse Aigiarouc ne pourra épouser son amoureux que si celui-ci la terrasse à la lutte. Or elle est une géante, championne de lutte. Elle sortira vainqueur de la compétition, et ne se mariera donc pas !


Ils continuent leur chemin et arrivent enfin au Cathay, au palais d’été près de Shangton, où l’Empereur se trouve avec sa cour, et il va les recevoir. Attention : il faut absolument respecter le protocole: 
- Il faut entrer pied nus ;
- Il ne faut pas marcher sur le seuil, mais l’enjamber ;
- Il faut s’avancer jusqu’à la moitié de la salle et s’incliner, et s’incliner une deuxième fois près du trône ;
- Puis il faut s’agenouiller jusqu’à toucher du front le tapis et attendre.

Marco Polo en costume tartare
Niccolo transmet le salut fraternel de Grégoire X.
- Fraternel ? Il me traite donc d’égal à égal ?

Un murmure sourd parcourt l’assistance …

Nicollo rattrape l’affaire, toujours à genoux :
- Nous avons également avec nous le cadeau rare que vous nous avez demandé : cette fiole d’huile provenant du Sépulcre du Christ à Jérusalem.

Toujours à genoux, c’est à Marco d’apporter la boite. Le Grand Seigneur sourit, et déclare en plaisantant qu’il est trop jeune pour être sage. Sinon le regard foudroyant de son père, Marco se serait retourné pour revenir à sa place. Il doit faire marche arrière sans tourner le dos à l’Empereur. Puis Marco va à la yourte de l’Impératrice Jaimu. Celle-ci est chrétienne et la fille de Wang Khan connu sous le nom de Prêtre Jean.
- Cette huile a véritablement le pouvoir de guérir ?
- Elle ne guérit que ceux qui ont la foi !
- J’ai la foi, murmure-t-elle en sortant un crucifix d’argent de sa tunique.

Un banquet est donné en l’honneur des Polo. La table de Kubilaï est surélevée pour qu’il puisse bien voir tous les convives. La table voisine, plus basse, accueille Jaimu, les autres épouses et enfants dont le prince héritier Chinkin. Les jongleurs et les magiciens se succèdent. Puis un moine tibétain fait résonner sa harpe : un cobra apparaît et se dirige vers Marco, qui demeure immobile devant l’épreuve.

Le lendemain, l’Empereur et Chinkin invitent Marco dont Jaimu leur a dit du bien, et il doit raconter son voyage avec tous les détails. Kubilaï Khan apprécie la franchise de Marco « pour l’instant du moins ». Au cours d’une partie de chasse, Kubilaï Khan poursuit son interrogatoire et demande :
- Qu’est-ce qui t’a frappé en Chine ?
- L’immensité du territoire, sa richesse, la monnaie en papier, les pierres noires qui brûlent, les cerfs-volants, les routes …

Mais Chinkin est seul avec Marco, et il est victime d’une crise d’épilepsie.

La suite au prochain article.