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Estampe : l'aube au temple Kenda Myojin - Edo |
Création le 19 mars 2016
À l’occasion de la semaine de la francophonie, il faut ouvrir la Revue du Souvenir Napoléonien, hors série n°7 - 2014 de la Société française d’histoire napoléonienne, et s’arrêter à l’article de Christian Bourdeille, chargé de cours à l’Université de Paris II. Et là, on découvre.
Le pays du Soleil Levant est très tôt perçu par la diplomatie impériale comme une opportunité, même si la concurrence avec les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la Russie reste vive … Réciproquement, la France apparaît comme un allié de choix et procure au Japon, au terme de remarquables transferts de technologie, les moyens de son ouverture au monde. Le Japon « France de l’Asie » ? Non, mais une page d’histoire commune.
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La France signe avec le Japon, le 9 octobre 1858, un traité de paix, d’amitié et de commerce. Il faut bien retenir cette date : elle a son implication dans le passage à l’ère Meiji, qui fera du Japon la première grande puissance de l’Asie dès 1904.
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Réception des Ambassadeurs japonais aux Tuileries |
L’ARSENAL DE YOKOSUKA
La rade de Yokosuka (qui rappelle celle de Toulon) donne à Verny l’opportunité de s’atteler à une tâche immense : une montagne arasée, deux bras de mer comblés, deux bassins creusés, trois cales de halage, des ateliers de construction et de réparation de coques de bateaux, des écoles d’ingénieurs, une école d’architecture navale, plusieurs phares. Le résultat dépasse les plus folles ambitions japonaises. Les décideurs japonais payent les dépenses, encouragés par le comte Ogari, Ministre des Affaires étrangères du Japon. Le tout en dix ans.
Cet effort industriel, sans précédent, peut être considéré comme étant à l’origine des succès lors des grandes batailles navales, comme celle de Tsushima en 1905.
http://empirkersco.blogspot.fr/search/label/a%2030%20-%20LA%20CONFRONTATION%20RUSSO%20JAPONAISE
UNE NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE
Depuis plusieurs années, rien ne va plus en France : les vers à soie sont victimes de maladies à répétition. Les industriels français sont contraints de chercher de nouvelles sources d’approvisionnement. C’est encore Léon Roches, originaire du Dauphiné (pays de grande sériciculture), nommé Consul au Japon, qui encourage ses amis japonais à vendre toujours plus de ballots de soie à la France, ne serait-ce que pour payer la construction de l’arsenal de Yokosuka ! Il y aura même échange de vers à soie contre des chevaux entre les chefs d'État !
PREMIÈRE MISSION MILITAIRE FRANÇAISE
Impressionné par la puissance militaire de la France impériale, le dernier des shogun, Hitotsubushi, demande à Napoléon III de bien vouloir y contribuer, et pour ce faire, sollicite l’envoi d’une mission militaire française.
Composée de 15 personnes dont 6 officiers, la mission arrive le 13 janvier 1867. Réciproquement une mission militaire japonaise arrive en France le 15 avril. Cela se concrétise par la création d’une École militaire japonaise et la construction à Edo (Tokyo) d’un atelier de fabrication de fusils et de canons.
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EDO (TOKYO), capitale du Japon en 1858 |
Mais l’ouverture aux étrangers, et en particulier aux Français, a fini par susciter une vive réaction nationaliste. Le Shogun ne sait que faire. Et il est démis de ses fonctions par le jeune empereur Mutsuhito, qui accélère l’évolution, c’est l’ère Meiji. Léon Roches, qui a soutenu le shogun, est viré. Mais la marine japonaise continue à utiliser les services des experts français.
Que serait devenu le Japon sans Napoléon III ? Boutade certes, mais avec Napoléon III ? En 1862, dans une note officielle du Quai d’Orsay, on pouvait lire « La nation japonaise est sans contredit la première nation de l’Asie pour l’intelligence et pour les qualités de cœur. On a appelé les Japonais les Français de l’Asie. »
Voilà une page, peu connue aujourd’hui, des relations entre le Japon et la France.