Création le 1 août 2015
Modification 1 le 5 août 2015 : mise à jour
La pire erreur en stratégie est de ne pas savoir se mettre à la place de l’Autre, qu’il soit ami, adversaire ou ennemi. Suivant l’habileté que l’on déploie, l’ami peut devenir adversaire, l’adversaire peut devenir ennemi … et réciproquement. Force est de constater que la classe politique française de l’époque aurait pu être à la hauteur de la France.
Le livre de Jean Sainteny donne un bon moyen de comprendre qui a été Ho Chi Minh (Celui qui éclaire), alias l’Oncle Ho, alias Nguyen Tat Than, ou Ly Thuy, Linov, Tong Van So, Nguyen Aï Quoc (Qui aime sa patrie).
C’est dans le village de Chua que nait en 1890 le petit Cung. Son père, gardien de buffles, est devenu mandarin, après avoir obtenu le titre de docteur-es lettres chinoises du second grade.
Au début, le jeune homme veut se faire une auto-éducation internationale. Il se fait appeler « Ba », et est chef cuisinier à bord du Larouche-Tréville en 1911. Puis il prend la détermination d’accepter tous les métiers, toutes les tâches pour rudes qu’elles soient.
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Congrès socialiste de Tours - 1920 |
Le livre de Jean Sainteny est avant tout un témoignage, qui laisse aux historiens le soin de reconstituer en détail la vie politique de Ho Chi Minh. L’homme, qui repose dans la vénération de son peuple, fut-il l’instigateur ou seulement le complice résigné de ce drame qu’a connu le Viet-Nam ? La question reste posée, et pour longtemps.
Au mois de juillet 1942, Nguyen Aï Quoc prend la décision de passer en Chine, avec toutes les précautions d’usage : il se déguise en paysan aveugle et change d’identité, il devient définitivement « Ho Chi Minh ». Il est trahi par ses papiers d’identité et croupit dans les prisons chinoises. Mais il a une idée lumineuse : il contacte Tchang Fa-kwei, général chinois et typique seigneur de la guerre, qui spéculait sur le retour du Tonkin sous la tutelle chinoise, et lui propose une alliance contre les Japonais, rien de moins.
L’autre accepte, puis se fait rouler dans la farine. Ho contacte aussi les résistants français et veut rencontrer Jean Sainteny ; il lui fait même parvenir un message, fondement d’une future cohabitation franco-vietnamienne. Ce message ne recevra aucun écho de la part du gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
Mieux : les Américains apprennent à Sainteny que Ho Chi Minh souhaitait que le drapeau français soit associé au drapeau vietnamien lors de l’accession à l’indépendance ! Les 6 et 9 août, les bombes atomiques américaines anéantissent Hiroshima et Nagasaki. Le 10, Ho Chi Minh transforme ses guérilleros en « Armée de Libération du Viet-Nam ». Le 16, vingt mille manifestants vietnamiens envahissent la place du Théâtre de Hanoi en brandissant le drapeau rouge frappé d’une étoile d’or.
Le 21, l’empereur Bao Dai, sommé d’abdiquer, devient le citoyen Vinh Thuy. La capitale Hanoï remplace l’ancienne ville impériale de Hué. Télégramme à Sainteny : « G.P.R.F pris de court par la capitulation japonaise compte sur vous pour parer au plus pressé. » GPRF, c’est le gouvernement provisoire de la République française ! Qui a dit « gouverner, c’est prévoir » ?
Les Américains, qui avaient convoyé Sainteny à Hanoï, auraient visiblement souhaité le voir ailleurs. Sans aucun titre officiel, face à des Japonais qui, bien que vaincus, se comportaient en vainqueurs, isolé dans une ville surexcitée, il ne pouvait compter que sur la chance et le dévouement de ses collaborateurs … Au bluff, il s’installe au Palais du Gouvernement général.
Vo Nguyen Giap, Ministre de l’Intérieur, prend contact avec Sainteny et ajoute que ses collègues et lui-même seraient heureux de recevoir conseils et directives. Sainteny : « Je savais que le maquisard Giap était un des produits les plus brillants de notre culture : universitaire distingué, docteur en droit, et par dessus le marché, pianiste accompli … Il me donna l’impression d’un homme extraordinairement intelligent, dur et modéré. Mais pour l’instant, comme il se doit en Asie, la courtoisie était de rigueur. »
Or d’après les accords de Postdam - au cours desquels la France avait été ignorée - les Chinois étaient chargés de désarmer les Japonais, d’où la crainte d’une occupation chinoise au Tonkin. La rage au cœur, Sainteny abandonne le Palais du Gouvernement général aux Chinois. Il rencontre l’amiral Thierry d’Argenlieu, envoyé du Général de Gaulle et lui explique qu’il n’est qu’un intérimaire, remplaçant au pied levé Pierre Messmer, capturé par le Viet Minh ! Il rencontre aussi le général Leclerc qui le convainc de repartir pour Hanoï avec le titre de Commissaire de la République pour le Tonkin et le Nord Annam. Tout le ramenait à Ho Chi Minh : "c’est lui qu’il fallait voir, c’est avec lui qu’il fallait discuter."
Les Américains, qui avaient convoyé Sainteny à Hanoï, auraient visiblement souhaité le voir ailleurs. Sans aucun titre officiel, face à des Japonais qui, bien que vaincus, se comportaient en vainqueurs, isolé dans une ville surexcitée, il ne pouvait compter que sur la chance et le dévouement de ses collaborateurs … Au bluff, il s’installe au Palais du Gouvernement général.
Vo Nguyen Giap, Ministre de l’Intérieur, prend contact avec Sainteny et ajoute que ses collègues et lui-même seraient heureux de recevoir conseils et directives. Sainteny : « Je savais que le maquisard Giap était un des produits les plus brillants de notre culture : universitaire distingué, docteur en droit, et par dessus le marché, pianiste accompli … Il me donna l’impression d’un homme extraordinairement intelligent, dur et modéré. Mais pour l’instant, comme il se doit en Asie, la courtoisie était de rigueur. »
Or d’après les accords de Postdam - au cours desquels la France avait été ignorée - les Chinois étaient chargés de désarmer les Japonais, d’où la crainte d’une occupation chinoise au Tonkin. La rage au cœur, Sainteny abandonne le Palais du Gouvernement général aux Chinois. Il rencontre l’amiral Thierry d’Argenlieu, envoyé du Général de Gaulle et lui explique qu’il n’est qu’un intérimaire, remplaçant au pied levé Pierre Messmer, capturé par le Viet Minh ! Il rencontre aussi le général Leclerc qui le convainc de repartir pour Hanoï avec le titre de Commissaire de la République pour le Tonkin et le Nord Annam. Tout le ramenait à Ho Chi Minh : "c’est lui qu’il fallait voir, c’est avec lui qu’il fallait discuter."
« C’était un homme de taille moyenne, plutôt petit, mince, fluet, qui gardait encore quelque chose de gauche et de furtif dans ses manières. Il avait l’allure d’un de ces intellectuels annamites, beaucoup plus que celle d’un chef de guerre ou de parti. Ce qui frappait, c’étaient les yeux, vifs, mobiles et brûlant d’un feu extraordinaire. »
Pendant six mois, Sainteny rencontre Ho Chi Minh, de nuit pour faire discret. Le problème était de faire revenir « pacifiquement » un corps expéditionnaire français dans une région où il y avait 240 000 soldats chinois qui s’ajoutaient à 30 000 Japonais et à l’hostilité des nationalistes vietnamiens. Pour cela le général Leclerc n’avait que 7 500 hommes, mais des hommes d’une particulière valeur. Il fallait donc parvenir non seulement à un accord franco-chinois mais aussi à un accord franco-vietnamien. Tout cela Leclerc l’avait très vite et très bien compris : « Si l’on tente de réinstaller la souveraineté française au Tonkin par la force des armes, il faut être prêt à affronter un conflit de grande envergure. »
Au cours d’un grand rassemblement populaire à Hanoï, Ho Chi Minh n’hésite pas à jouer son va-tout pour défendre l’accord signé avec la France officialisant le prochain retour de l’armée française, mais il prévoit aussi l’échec des négociations. Il dit à Sainteny : « Alors nous nous battrons. Vous me tuerez dix hommes, pendant que je vous en tuerai un … Et c’est moi qui finirai par gagner. »
Leclerc débarque donc. « La joie des Français, délivrés d’un cauchemar qui durait depuis cinq ans, reste un de mes plus beaux souvenirs … Je menai Leclerc chez Ho Chi Minh … Nous bûmes à l’amitié franco-vietnamienne sous les flashes des photographes. » Puis c’est l’entrevue avec l’amiral Thierry d’Argentier à bord de l’Émile Bertin. Le lieu des négociations fait débat. Thierry d’Argenlieu propose Dalat. Leclerc, Sainteny et Ho Chi Minh préfèrent Paris. Premier clivage significatif.
Finalement, c’est Fontainebleau qui est retenu. Il faut reconnaître le cran d’Ho Chi Minh pour se rendre chez une puissance qui l’avait pourchassé pendant près de trente ans et condamné à mort (cf postérieurement : Mohamed V et Ben Bella). Il n’ignorait pas que certains Français étaient attachés aux privilèges que leur avait apportés la colonisation, et autres gauchistes qui ont poussé à la guerre. Par ailleurs il se devait de calmer une opinion publique houleuse.
Ho Chi Minh et Sainteny sont invités à patienter 10 jours à Biarritz en attendant la formation d’un nouveau gouvernement ! Et pendant ce temps, Thierry d’Argenlieu fait proclamer la Cochinchine république autonome, ce qui jette le trouble dans les esprits vietnamiens qui reprochent à Ho Chi Minh d’avoir été mené en bateau. Mais il prend sur lui de garder son sang-froid et sa bonne humeur et sur le livre d’or d’un restaurant de Biarritz, il écrit même : « Les mers et les océans ne séparent pas les frères qui s’aiment ». Une ballade en mer avec pêche au thon restera l’un de ses meilleurs souvenirs.
Ho Chi Minh se montre déçu de ne pouvoir rencontrer le général de Gaulle qui s’était retiré à Colombey et pour lequel il avait une vive admiration, ni Leclerc qui esquive toute rencontre, croyant à un double jeu et ne voulant plus s’occuper de cette affaire d’Indochine dans laquelle il avait été désavoué.
Leclerc débarque donc. « La joie des Français, délivrés d’un cauchemar qui durait depuis cinq ans, reste un de mes plus beaux souvenirs … Je menai Leclerc chez Ho Chi Minh … Nous bûmes à l’amitié franco-vietnamienne sous les flashes des photographes. » Puis c’est l’entrevue avec l’amiral Thierry d’Argentier à bord de l’Émile Bertin. Le lieu des négociations fait débat. Thierry d’Argenlieu propose Dalat. Leclerc, Sainteny et Ho Chi Minh préfèrent Paris. Premier clivage significatif.
Finalement, c’est Fontainebleau qui est retenu. Il faut reconnaître le cran d’Ho Chi Minh pour se rendre chez une puissance qui l’avait pourchassé pendant près de trente ans et condamné à mort (cf postérieurement : Mohamed V et Ben Bella). Il n’ignorait pas que certains Français étaient attachés aux privilèges que leur avait apportés la colonisation, et autres gauchistes qui ont poussé à la guerre. Par ailleurs il se devait de calmer une opinion publique houleuse.
Ho Chi Minh et Sainteny sont invités à patienter 10 jours à Biarritz en attendant la formation d’un nouveau gouvernement ! Et pendant ce temps, Thierry d’Argenlieu fait proclamer la Cochinchine république autonome, ce qui jette le trouble dans les esprits vietnamiens qui reprochent à Ho Chi Minh d’avoir été mené en bateau. Mais il prend sur lui de garder son sang-froid et sa bonne humeur et sur le livre d’or d’un restaurant de Biarritz, il écrit même : « Les mers et les océans ne séparent pas les frères qui s’aiment ». Une ballade en mer avec pêche au thon restera l’un de ses meilleurs souvenirs.
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Résidence provisoire de Ho Chi Minh à Biarritz |
Arrivée à Paris. Ho arbore le costume pittoresque qui sera rendu célèbre sous le nom de « costume Mao ». Autre anecdote qui montre l’humour du personnage : « Au soir du jour où il remontait les Champs Élysées pour aller fleurir la tombe du Soldat inconnu, un de mes collaborateurs lui dit : Eh bien, Monsieur le Président, il y avait du monde pour vous voir passer ! Bien sûr, répond Ho Chi Minh, en éclatant de rire, on voulait voir le Charlot vietnamien ! ». Autre anecdote : Sainteny invite Ho dans sa propriété en Normandie. « Au réveil, pourtant matinal, affolement : Ho avait disparu ! Je finis par le retrouver dans les champs. Levé à l’aube, il avait tout visité, basse-cour, étables, admirant le bétail, se faisant expliquer par le fermier nos méthodes d’élevage, etc. »
Ho Chi Minh se montre déçu de ne pouvoir rencontrer le général de Gaulle qui s’était retiré à Colombey et pour lequel il avait une vive admiration, ni Leclerc qui esquive toute rencontre, croyant à un double jeu et ne voulant plus s’occuper de cette affaire d’Indochine dans laquelle il avait été désavoué.
« Sur l’échec de Fontainebleau, tout a été dit, ou à peu près. Peut-être avait-ce été une erreur de notre part que de ne pas mettre à la tête des négociateurs français une personnalité politique de premier plan … Les passions politiques françaises avaient aussi joué leur rôle … La tension montait de jour en jour, le scepticisme gagnait les deux camps … »
L’initiative « heureuse ?» de Thierry d’Argentier de préjuger de l’échec des négociations en prenant sur lui de proclamer la Cochinchine autonome provoque la rupture. La délégation vietnamienne part, mais Ho Chi Minh reste quelques temps chez ses amis Aubrac.
Pendant ce temps, la situation se détériore en Indochine. Ce sont les « Bons Blancs » qui en sont victimes, contrairement aux adeptes du colonialisme « à la trique » qui, curieusement, ne sont jamais inquiétés. La plupart de ces « incidents » sont non seulement provoqués mais minutieusement préparés pour atteindre l’irréparable. Réaction de Ho Chi Minh à Sainteny : « Armez mon bras contre ceux qui cherchent à me dépasser ; vous n’aurez pas à le regretter. » Certains bons esprits ont pu croire à la duplicité de Ho Chi Minh ; même si celui-ci devait jouer un jeu complexe, l’intérêt bien compris du Viet Nam lui commandait une alliance avec la France. Il était trop sagace pour l’imaginer autrement. D’ailleurs il fit mieux : A Hanoï, en provenance de Haiphong, il réussit à faire entonner par ses compatriotes venus l’attendre à la gare, la Marseillaise, après l’hymne vietnamien. Chapeau !L’initiative « heureuse ?» de Thierry d’Argentier de préjuger de l’échec des négociations en prenant sur lui de proclamer la Cochinchine autonome provoque la rupture. La délégation vietnamienne part, mais Ho Chi Minh reste quelques temps chez ses amis Aubrac.
C’est la question douanière qui met le feu aux poudres. Une jonque chinoise de contrebande est saisie à Haïphong par la marine française. Des irréguliers d’auto-défense vietnamiens ouvrent le feu sur nos marins, qui réagissent vigoureusement. Le général Valluy, pendant l’intérim de l’amiral Thierry d’Argenlieu, donne l’ordre au commandant d’armes de Haïphong de se rendre maître de la ville pour y rétablir l’ordre. Il y a plusieurs milliers de morts.
L’effet est désastreux. Quand Sainteny vient prendre son poste à Hanoï, la situation est quasi désespérée. Ho Chi Minh est malade, ou en est malade. Sainteny se prépare au pire, qui arrive : en pleine nuit, la centrale électrique vient de sauter. Suivant le plan, Sainteny s'en va en automitrailleuse à la citadelle. L’automitrailleuse saute sur une mine.
« Comment je parvins à sortir du brasier, comment je parvins à survivre pendant les deux heures qui suivirent, passées sur le trottoir au milieu de mes compagnons agonisants, je n’en sais trop rien. Je ne savais qu’une chose : la guerre d’Indochine venait de commencer et dans ces ténèbres déchirées par l’éclat des coups de feu, s’engloutissaient nos efforts et nos espoirs. »
On a dit souvent à Sainteny : « Oui, mais votre solution n’aurait pas duré dix ans. Les « durs » vietnamiens auraient peu à peu grignoté les quelques positions que nous aurions conservées et tenté de gagner au communisme le pays tout entier. » C’est bien ce qui s’est passé avec la « solution » de « on » en sept ans seulement de guerre. D’ailleurs l’amiral Mountbatten a dit « Je ne fais en Inde que ce que M. Sainteny a voulu faire en Indochine. » La guerre envenime tous les problèmes …
21 juillet 1954 : la guerre d’Indochine a pris fin. Le chef de gouvernement Pierre Mendès-France fait appel à Sainteny pour représenter la France auprès du gouvernement « au nord du 17 ème parallèle ». Sainteny, en vacance en Corse, commence par refuser. Mendès-France insiste : « C’est un balcon sur la Chine que vous pourrez occuper à Hanoï. » Sa première action est d’aller visiter à l’hôpital les rescapés de Dien Bien Phu. Pham Van Dong n’avait guère changé : le maquisard est devenu homme d’État. Son français est, comme toujours, d’une rare qualité. Il fait savoir à Sainteny qu’il le recevra le 17 octobre au « Palais ». Tout à coup, surgit Ho Chi Minh. Comme Sainteny, il devait voir défiler dans sa mémoire les images de la lutte implacable qui avait dressé le peuple vietnamien contre notre corps expéditionnaire. C’étaient ses amis qui avaient fait sauter l’automitrailleuse et qui avait failli coûter la vie à Sainteny.
Ho Chi Minh : « Voyez-vous, nous nous sommes battus pendant huit ans, mais loyalement. Maintenant c’est fini. Il faut que vous restiez, et qu’avec la même loyauté nous nous mettions d’accord et que nous travaillions ensemble - comment dites-vous ? - moitié-moitié. »
Mais Sainteny n’a pas les moyens diplomatiques de représenter la France. Mieux : Washington s’alarme de la présence de Sainteny et le Quai d’Orsay se croit obligé d’envoyer un télégramme au State Department vidant la mission de Sainteny de toute consistance … Tout en cherchant l’éviction de la France, le State Department doit à l’obligeance de la délégation française de maintenir son représentant jusqu’à la fin de 1954. D’autant plus que Russes et Chinois entrent dans la danse.
Les deux chapitres suivants du livre font état de la « vie après guerre » pleine d’anecdotes parfois savoureuses dont il découle que faire la guerre est une chose, organiser une administration efficace en est une autre. Comme le reconnait Ho Chi Minh lui-même : « Il est facile de donner des ordres, mais pas toujours de se faire obéir. »
Sainteny pousse le bouchon encore plus loin : « Il est déplorable que se soit intercalée entre des dirigeants aussi capables et un petit peuple si doux et si affable dans son ensemble, une classe de jeunes semeurs de haine, obsédés de la propagande, dont le rôle maléfique semblait consister à saboter toute initiative heureuse … Le temps n’est plus loin où Français et Vietnamiens se reprocheront réciproquement ce divorce et en mesureront l’absurdité. »
La cerise sur le Saint-Honoré est peut-être cette anecdote : Après le coup de force soviétique contre Budapest, quelques coopérants hongrois avec femmes et enfants trop épris de liberté avaient été rappelés dans leur pays pour subir le sort que l’on devine. Réfugiés dans l’ambassade de France, les autorités vietnamiennes refusaient de les laisser regagner un pays libre, même naturalisés français.
Sainteny avait finalement caché ces personnes dans des fûts à essence vide pour les transporter par avion vers la France !
Et si on « refaisait le match » ?
Page 121 de son livre Sainteny se pose la question et donne sa réponse : « Je pense pour ma part, et je l’ai assez dit, que Ho Chi Minh était aussi nationaliste que communiste et qu’il fallait profiter de cette chance. » Si l’Oncle Ho était plus communiste que nationaliste, l’amiral Thierry d’Argenlieu avait raison à l’époque de lutter contre une religion qui a été la plus tueuse de l’histoire de l’humanité. Dans le cas contraire, c’est Sainteny qui avait raison de dialoguer au maximum plutôt que de se battre. À la lecture du livre de Sainteny, nous pensons même que Ho Chi Minh était plus nationaliste que communiste et qu’il n’avait saisi le communisme que comme outil, faute de mieux, pour parvenir à ses fins, à savoir la souveraineté du Viet-Nam, assortie d’un accord d’association avec la France. La guerre aurait donc été un échec de la paix.
Les protagonistes de ce drame ont disparu. Nous ne connaîtrons jamais la véritable raison.
On consultera avec intérêt les deux vidéos suivantes pour se mettre dans l'ambiance de l'époque :
Page 121 de son livre Sainteny se pose la question et donne sa réponse : « Je pense pour ma part, et je l’ai assez dit, que Ho Chi Minh était aussi nationaliste que communiste et qu’il fallait profiter de cette chance. » Si l’Oncle Ho était plus communiste que nationaliste, l’amiral Thierry d’Argenlieu avait raison à l’époque de lutter contre une religion qui a été la plus tueuse de l’histoire de l’humanité. Dans le cas contraire, c’est Sainteny qui avait raison de dialoguer au maximum plutôt que de se battre. À la lecture du livre de Sainteny, nous pensons même que Ho Chi Minh était plus nationaliste que communiste et qu’il n’avait saisi le communisme que comme outil, faute de mieux, pour parvenir à ses fins, à savoir la souveraineté du Viet-Nam, assortie d’un accord d’association avec la France. La guerre aurait donc été un échec de la paix.
Les protagonistes de ce drame ont disparu. Nous ne connaîtrons jamais la véritable raison.
On consultera avec intérêt les deux vidéos suivantes pour se mettre dans l'ambiance de l'époque :