Nguyen LE MONG est Docteur d'État ès sciences politiques, juriste et politologue, ancien avocat à la Cour de Paris. Membre de l'Académie des Sciences d'Outre-mer, il a publié un petit - mais très intéressant - chapitre dans l'important ouvrage "Présence française Outre-mer" publié par l'Académie des Sciences d'Outre-mer.
Il est question du choc des cultures entre les deux guerres ( 1919 - 1939 ) et son impact sur la décolonisation française au Vietnam.
Lorsque l'Europe a connu une phase expansionniste liée à sa Renaissance, elle s'est aperçue qu'elle avait affaire autour d'elle à des "terrae incognitae" : la route des Indes ( ou route des épices ) était "barrée" par l'empire musulman, l'Afrique était pleine de "cannibales" et à l'ouest, il n'y avait rien de nouveau. De hardis navigateurs anglais, espagnols, français, portugais ont "rempli les vides géographiques" et ont décelé d'importantes richesses chez des populations qui au mieux étaient des "bons sauvages" et qui avaient des coutumes, des religions totalement différentes de l'européenne issue de la greco-romaine. Deux objectif se présentaient à deux catégories d'expatriés : civiliser sous tutelle ou exploiter pour faire fortune.
On consultera avec intérêt le document en pdf suivant :
et bien entendu :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Indochine_fran%C3%A7aise
La double révolution scientifique et industrielle a aggravé le cas des pays "sous-développés". Mais l'Europe, par deux fois, s'est ouvert les veines au XX ème siècle. Les pays "en voie de développement" ( les mêmes ) ont alors voulu rompre les amarres avec les anciennes puissances coloniales, politiquement impensable par ces dernières. Mais était-ce bien raisonnable ?
www.youtube.com/watch?v=TUSHUhYDbYw
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Mais entrons dans le raisonnement de Nguyen LE MONG :
En commençant par une citation du doyen Claude-Albert COLLIARD, en 1949 " La France a pu semer des idées qui se retournent contre ses intérêts, ainsi en matière coloniale."
La période 1919/1939 est le passage tragique du Vietnam de tradition confucéenne au Vietnam nouveau, par le biais de la culture européenne. Phénomène aggravant, l'industrialisation entraîne la naissance de nouvelles classes : le prolétariat et la bourgeoisie nationale. le Parti Constitutionnaliste Cochinchinois, admettant les bienfaits de la colonisation, réclame à terme la promulgation d'une Constitution. Quant à la petite bourgeoisie intellectuelle occidentalisée, elle préfère se joindre à la masse des prolétaires, mais c'est un échec par manque de racines. Quant à l'ex-Parti communiste indochinois, il se déguise en Ligue pour l'indépendance nationale ( Viêt- Minh ) pour soustraire le Vietnam à l'influence politique française.
En dépit de ces bouleversements, les Vietnamiens restent profondément marqués par la morale confucéenne telle que les Chinois le leur ont transmise. Les doctrines confucéenne, taoïste et bouddhique constituent les trois sœurs de la culture extrême-orientale : elles ne sont pas incompatibles avec le culte traditionnel des ancêtres au Vietnam.
Depuis 1992, l'égalité entre homme et femme est la règle et la polygamie elle-même est officiellement abolie, alors que dans les temps anciens, l'homme n'était rien sans la famille, sous le pouvoir absolu du chef de la tribu familiale. La jeunesse vietnamienne de culture occidentale n'a eu que le choix entre deux attitudes : se résigner à un immobilisme social ou s'engager dans la voie d'une révolte ouverte contre la tradition confucéenne, c'est à dire rompre avec l'ancienne tradition, pour l'épanouissement de la personne de l'individu et pour une vie où le bonheur de chacun et de tous serait de droit.
La nouvelle élite vietnamienne consciente de sa mission rénovatrice et révolutionnaire a du mener de front un combat périlleux aussi bien contre la Tradition que contre la domination française. Les Vietnamiens avaient subi la domination chinoise pendant plus de mille ans comme un joug, la colonisation française n'a pas été supportée par eux de manière servile, car la France coloniale était loin de la France démocratique.
Le paradoxe est que la France a apporté aux Vietnamiens le goût de la liberté, de ia personne humaine, sans donner accès aux nouveaux diplômés l'accès aux fonctions publiques d'autorité ou judiciaires, l'égalité de traitement n'existant pas entre Français d'Indochine et "indigènes" vietnamiens. Car les conquérants français ne voulaient pas seulement détrôner les empereurs hostiles et mettre à leur place ceux qui leur étaient dévoués, mais aussi et surtout " substituer à la tradition jalousement gardée jusque-là un ordre social nouveau et une civilisation différente, aux sources de laquelle les sciences françaises se substituaient aux lettres chinoises".
Le Vietnam de l'entre-deux-guerres sera ainsi caractérisé par une activité révolutionnaire fomentée par ceux-là même qui ont reçu de la France dominatrice le vrai sens des aspiration d'un peuple voulant accéder à l'indépendance.
La conclusion, dont fait sienne Nguyen LE MONG, est que l'on peut considérer le nationalisme vietnamien comme le plus beau fruit de la France au Vietnam, celui dont elle a le plus raison d'être fière !
Bien dit !
http://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_66013&feature=iv&src_vid=KB71WvWVEsE&v=ffjhCqmcInQ