Création le 9 février 2014
Nous n'avions pas l'intention, après la recension de la nouvelle "L'illustre magicien", de verser dans le "gobineau.com".
Mais cette autre nouvelle asiatique "Les amants de Kandahar" illustre si bien le code de l'honneur afghan, à géométrie variable, que nous n'avons pas résisté au plaisir de faire un bis. Voici donc cette tragique histoire d'amour :
Lui ( Mohsen ) :
- Vous demandez s'il était beau ? Beau comme un ange.
Elle ( Djemileh, la charmante ) :
- Elle se tenait devant lui, dans toute la perfection d'une beauté qu'il n'avait jamais imaginée, ravissante par elle-même, adorable dans sa robe de gaze rouge à fleurs d'or.
Où pouvaient-ils mieux être heureux comme voisins, ces deux cousins ?
Un jour, Osman, le père de la belle, reçoit la visite de Mohammed, son frère et père du garçon. Il se permet de ne pas se lever à l'entrée de son frère dans la chambre. À la vue de cette énormité, Mohsen, qui accompagnait son père, ne peut contenir son indignation, et, n'osant s'en prendre directement à son oncle, applique un vigoureux soufflet sur la joue de son cousin Elem, pour qui il avait la plus vive amitié.
Elem, exaspéré de l'action de son cousin, tire le poignard et fait un mouvement pour se jeter sur lui ; mais les vieillards s'interposent à temps … Le lendemain, une balle vient se loger dans la manche droite des vêtements de Mohsen. Jusqu'ici, tout va bien.
Et quand Mohsen vient dans la maison voisine tuer son cousin, il est immédiatement intercepté par Djemileh, qui lui barre la route tout en lui avouant son amour. Coup de foudre mutuel, et les deux tourtereaux se réfugient dans la maison du père de Mohsen, tandis que le clan "Osman" vient tambouriner à la porte pour tuer Mohsen et Djemileh.
Donc, code n° 1 : Mohammed se doit de protéger Djemileh, et toute sa famille fait le coup de feu contre les cousins. Fuite éperdue des amoureux, serrés de près par la bande à Osman. À un contre n, le combat est inégal.
Or, code n° 2 : Survient un prince d'une famille ennemie de celle de Mohsen. Voyant ce dernier en grande détresse implorer son aide, il se doit quand même de prendre les deux amoureux sous sa protection. Fin du combat.
Code n° 3 : Le prince accueille les fugitifs dans sa famille, qui se doit de les héberger … et le bruit se répand de leur nouvelle cachette.
Code n° 4 : Osman dépose un recours au roi pour qu'il lui fasse livrer les deux amants, qui ont été hébergés à tort par une famille ennemie.
Code n° 5 : Ni le roi, qui ne peut faire autrement que de donner l'ordre à son vassal de livrer les fugitifs, ni le prince que de lui obéir, ne peuvent maîtriser le destin, qui s'approche à pas de loup.
Code n° 6 : Livrer son hôte, c'est trahir l'honneur de l'hospitalité. Le prince, pour sauver l'honneur de son père, s'enfuit avec nos deux amis, vers un fortin lointain, propriété de la famille.
Code n° 7 : Car la bande à Osman est vite au courant de cet ultime refuge. Elle en fait le siège. Pendant que la fille recharge les fusils, les deux hommes engagent une défense désespérée. Finalement, ils meurent tous les trois, et leurs âmes ravies s'envolent ensemble.
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Les Afghans ont déjà combattu avec succès Alexandre le Grand, les Britanniques, les Soviétiques …
En croquant l'Afghan moyen, Gobineau ne mâche pas ses mots :
- L'Afghan, pour être ce qu'il doit être, passe son existence à se surveiller lui et les autres et toujours en soupçon, tenant son honneur devant lui, susceptible à l'excès et jaloux d'une ombre, il sait d'avance combien ses jours seront peu nombreux. Ils sont rares les hommes de cette race qui, avant quarante ans, n'ont pas reçu le coup mortel, à force d'avoir atteint ou menacé les autres.
Barak Obama, si tu nous lis.