AFRANE ET AFGHANISTAN



CRÉATION LE 23 MAI 2013

En nous rendant à l'Ambassade de la République Islamique d'Afghanistan à l'invitation de son Excellence Assad Omer, nous avons découvert dans l'antichambre l'excellente revue "Les Nouvelles d'Afghanistan". Ainsi donc il existe des Français qui travaillent pour et avec des Afghan ! Enfin une terre à l'horizon, dans un océan de cliquetis d'armes.

De là à rencontrer le Président d'AFRANE, Etienne Gille, et à en faire profiter les lecteurs de dakerscocode ...

D'abord, une introduction puisée dans le site d'AFRANE :

Depuis sa création en 1980, AFRANE a comme objectif de sensibiliser et informer le public sur la situation en Afghanistan. Dans ce but, AFRANE fait paraître trimestriellement la revue Les Nouvelles d'Afghanistan qui apporte une analyse de la situation économique, politique et sociale du pays. Elle propose des articles et des dossiers écrits par des volontaires humanitaires ou des spécialistes du pays.

Animée par des spécialistes de l’Afghanistan, la revue, dont il n’existe qu’un ou deux équivalents en Europe, publie de nombreux auteurs : chercheurs, ethnologues, historiens, acteurs de la vie politique , sociale ou culturelle en Afghanistan. Les sujets traités sont aussi variés que l’Histoire, la Politique, la Culture, la Société, les Droits de l’Homme ou l’Aide Humanitaire.

 









Ensuite la "lettre de motivation" de cette association :

AFRANE considère que l'éducation est une des clés essentielles pour une reconstruction durable du pays et le dépassement de ses blessures et divisions internes. Elle agit dans le cadre de protocoles signés avec le gouvernement afghan pour contribuer au redémarrage du système éducatif afghan.


Les objectifs d'AFRANE sont les suivants :
    •    Favoriser un enseignement de qualité grâce à un environnement favorable, des professeurs motivés, une discipline sérieuse et des méthodes pédagogiques actives
    •    Contribuer à ce que ces formations transmettent aux élèves un esprit ouvert et critique, leur permettent d'approfondir leur connaissance des deux langues nationales et des matières scientifiques,  les éduquent à la tolérance et au rejet de la violence
    •    Permettre aux professeurs et aux élèves qui le désirent d'apprendre le français, afin de leur donner accès à une culture étrangère et à une ouverture sur le monde, avec en outre des possibilités de coopération pédagogique avec des professeurs français et des correspondances scolaires.

    •    Construire, reconstruire et équiper des écoles ravagées par 25 années de guerre.

 
http://www.flickr.com/photos/aphi_38/sets/

Enfin l'historique d'AFRANE via l'incontournable Wikipedia :


http://fr.wikipedia.org/wiki/AFRANE


Au moment où les troupes de la coalition s'apprêtent à avoir quitté "en biseau" l'Afghanistan d'ici 2014, le lustre suivant sera fatidique, non seulement pour l'Afghanistan, mais pour beaucoup de pays à dominante musulmane, et, par contre-coup, pour nous tous. "Mektoub", mais nous ne savons pas encore ce qui est écrit. Cependant nous savons ce qui est écrit dans "Les Nouvelles d'Afghanistan" et qui nous paraît tout à fait digne de foi.


Voici donc quelques mini-recensions extraites d'une poignée de numéros des "Nouvelles d'Afghanistan". Si les auteurs ont quelque amélioration à apporter, ils seront les bienvenus.


LES MINES AFGHANES SONT-ELLES EXPLOITABLES ? par Bernard Dupaigne et Etienne Gille - n° 130 - octobre 2010


L'estimation des réserves, selon le New York Times, seraient de 1 000 milliards de dollars ( principalement fer et lithium )  Les Français ont effectué un travail considérable dans le domaine de la recherche géologique. Puis, dans les années suivantes, les affaires géologiques et minières de l'Afghanistan ont été entièrement entre les mains des "conseillers" et "experts" soviétiques : cette situation fut désastreuse.

Fer : le plus important gisement de l'Asie découvert en 1961 par le Père Albert de Lapparent.
Cuivre : réserves de plus d'un milliard de tonnes. Les Chinois ont obtenu en 2007 le contrat d'exploitation de cette mine d'Ayant.
Lithium : L'Afghanistan serait la future "Arabie Séoudite du lithium" suite au boom probable de la voiture électrique dans le monde.
Pétrole et gaz : les réserves ne sont pas colossales.
Or et pierres précieuses : rubis, tourmaline et le fameux lapis-lazuli afghan connu depuis l'antiquité.


Leur acheminement est problématique : pas de chemin de fer, pas de réseau électrique, main d'œuvre peu qualifiée … et zones contrôlées par les Tâlebân !

DIX ANNÉES DE LUTTE CONTRE L'OPIUM
 

par Domitille Kauffmann et Charlotte Dufour - n° 131 - décembre 2010
 
L'explosion de la production d'opium en Afghanistan constitue un élément important du conflit afghan et de la reconstruction du pays. Pour les combattants, elle permettait de financer les dépenses militaires, et pour les paysans de compenser le manque  de surfaces cultivables par la vente d'une culture beaucoup plus rentable. La production d'opium a atteint son niveau record en 2007, principalement dans les provinces du sud et de l'ouest. La baisse de la production en 2010 a entraîné une forte hausse du prix de vente de l'opium : en conséquence, le pavot est redevenu une culture très compétitive par rapport au blé !


Lutte contre la production et programme de développement.
Bien que certaines cultures comme celle du safran aient rencontré un certain succès, les diverses expériences ont été mitigées. Les bailleurs de fonds s'intéressent à trois secteurs : l'agriculture ( production fruitière et élevage ), les infrastructures et les services financiers. A l'éradication des cultures de pavot et la pénalisation des trafiquants s'ajoutent des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes et des écoles ; il y aurait plus d'un million d'utilisateurs de drogue en Afghanistan …


Le bilan est très mitigé et l'impact est difficilement mesurable. Seul un développement socio-économique et politique global peut permettre de réduire sensiblement la dépendance à la culture du pavot.


De plus la corruption sévit, même si il y a une prise de conscience que la population afghane devient elle-même victime de la drogue. La production de l'opium est considérée par la plupart des acteurs comme étant une des causes des problèmes sécuritaires, de corruption et d'insurrection. Or l'opium est plutôt le symptôme de ces problèmes. Tout passe par l'amélioration des conditions de vie des Afghans.


LA SCOLARISATION DES FILLES

 par Etienne Gille - n° 133 - juin 2011
 
Nul doute que la scolarisation des filles en Afghanistan aura une incidence profonde sur la société afghane de demain. Or les statistiques afghanes sont soit inaccessibles, soit peu fiables. Ce sont donc des perceptions subjectives qui permettent d'affirmer que la scolarisation des filles est un fait massif et nouveau. Exemple, à Djalalabad, les élèves du secondaire sont passée entre 2002 et 2006 de 0 à 384, et de 2006 à 2010 de 384 à 1321. Jolie progression ! 

La directrice : " Je suis obligée d'ouvrir des classes en plein air avec des effectifs pléthoriques".

Des filles studieuses - Quand la professeure est absente, il n'est pas rare que la responsable de classe récite la leçon du jour devant ses camarades attentives.


Trois séries  d'élèves par jour - Au lysée Zuleika de Kaboul, le service d'ordre est assuré par des élèves disposant d'un brassard, et 3 ( trois )sessions par jour sont nécessaires pour accueillir tout le monde, malgré les difficultés que cela engendre. Avis aux enseignants en France qui se plaignent !


Et Etienne Gille de s'étonner : "Alors que je demande à des élèves d'une petite classe de quelle aide elles ont besoin, une petite fille de sept-huit ans lève le doigt et me répond, pas du tout intimidée : Monsieur, on a besoin d'un étage supplémentaire pour l'école. À cet âge, ailleurs, on aurait demandé des bonbons."

 
A Tcharikar, la directrice du lycée de fille a 25 ans, et ça marche !

Au retour de son voyage, Etienne Gille raconte : "J'ai pris en stop deux jeunes gens, un garçon et une fille qui se rendaient au lycée de la ville de Pandjao où ils étaient en classe Terminale. Ils m'ont dit faire chaque jour trois heures de marche le matin pour rejoindre le lycée et trois heures pour revenir."


Changement d'attitude des Tâlebân ? Une évolution ( tactique ? ) semble se faire : les Tâlebân ne seraient plus opposés à l'idée que les filles fréquentent l'école, sous réserve de porter le voile, etc. même si des directeurs d'école sont encore pris pour cible.


LES CONDITIONS DE LA PAIX

 par Abdul Matin Bek- n° 136 - mars 2012

Le 25 décembre 2011, un kamikaze a fait détonner sa veste d'explosifs lors d'un enterrement, tuant Mutaleb Bek, ancien combattant modjahed, parlementaire, et père d'Abdul Matin Bek, ainsi que vingt quatre autres personnes. Mutaleb Bek était un musulman pieux. Sa mort s'ajoute à la longue liste de ses amis.
"Alors que je fais le deuil de mon père, je tiens à prendre la parole. Je partage la conviction de mon père selon laquelle la stratégie américaine pour l'Afghanistan est à courte vue et définie probablement en fonction de considérations intérieures plutôt que stratégiques. Comme beaucoup d'Afghans, nous comprenons rarement la politique américaine. Un jour, l'armée américaine déclare que les Tâlebâns sont l'ennemi, le lendemain, ils sont prêts à faire la paix avec eux."
"Mon père croyait que quatre actions étaient nécessaires pour mettre fin à cette guerre et ramener la paix et la stabilité.
- Tout d'abord, en tant que musulmans, nous devons réaliser que ce n'est pas une guerre religieuse…
- Deuxièmement, la date limite de 2014 doit être reconsidérée à la lumière des dangers qu'elle représente pour la région et le reste du monde.
- Troisièmement, l'Amérique doit également reconnaître que la source du problème réside au Pakistan.
- Quatrièmement, au cours des dix dernières années, l'Afghanistan a réalisé beaucoup de choses avec le soutien de la communauté internationale et en particulier des États-Unis… S'il vous plaît, continuez à investir dans l'éducation, pas seulement dans la militarisation de mon pays.
"


Alors là, bravo, et que Dieu le garde !


LE TRAITÉ D'AMITIÉ FRANCO-AFGHAN

 par Gilles Rossignol - n° 138 - octobre 2012

Le 27 janvier 2012, un traité d'amitié a été signé par les Présidents Hamed Karzaï et Nicolas Sarkozy.
le gouvernement français, pour sa part, s'engage pour une aide de 308 millions entre 2012 et 2016. Comparée à celle d'autres pays, l'aide bilatérale française demeure donc modeste.
Le désengagement s'accompagne du détachement de conseillers militaires, en même temps que sont assurés des cours de français ( et non d'anglais ) en vue de préparer l'envoi de cadres militaires afghans dans des écoles militaires françaises.


La coopération technique et culturelle constitue le volet le plus ambitieux de la coopération franco-afghane.

- AGRICULTURE et développement rural
• Création d'un laboratoire de contrôle qualité pour réduire les importations alimentaires 
• Création d'un réseau d'établissements agricoles
• Projets d'irrigation et amélioration génétique du cheptel
• Micro-financements pour les coopératives
- SANTÉ
• Centre hospitalo-universitaire
• Etablissement de partenariats durables
• Bourses de spécialités
- ENSEIGNEMENT primaire, secondaire, supérieur
• Accords entre facultés françaises et afghanes
• Soutien à l'Université polytechnique de Kaboul
- COOPÉRATION administrative et juridique
• Divers programmes dans la formation de futurs hauts fonctionnaires en partenariat avec l'ENA
• Formation de magistrats
- PATRIMOINE, archéologie
• Partenariat entre le Musée Guimet et le Musée de Kaboul
- ÉCHANGES culturels
• Coopération pour la numérisation des archives de radio et de télévision afghanes.
- ÉCONOMIE finances et commerce
• Identification des enjeux majeurs communs de coopération économique, financière et commerciale …


La ratification du traité en France a donné lieu à ce que nous nommerons pudiquement des mouvements divers dus à l'ignorance de la situation actuelle de l'Afghanistan et à l'incertitude sur son futur. À notre sens, plusieurs dispositions majeures ont été omises :
 - que ce traité ne soit pas un "machin" administratif destiné à caser quelques heureux bénéficiaires, mais au contraire favorise l'esprit d'entreprise ;
- que ce traité perdure quelque que soit l'avenir politique de l'Afghanistan ;
- que ce traité ne soit pas battu en brèche par un pays ami.