RENAULT VERSUS NISSAN














 


Attention : ce texte est la propriété de Renault. Tout usage doit avoir l'accord préalable de Renault

Création le 9 décembre 2009

(via jeankersco619@gmail.com)


Voici le conte :

Comment deux équipes, l'une française, l'autre japonaise, vont-elles se débrouiller pour atteindre l'objectif qu'on leur a fixé ? C'est le fil conducteur d'un conte imaginé par Vincent Ricco, un expatrié de Renault au Japon, pour faciliter la compréhension mutuelle ...

"Il était une fois un groupe de Français et un groupe de Japonais dans une maison, à qui l'on demande de rejoindre un village, là bas, de l'autre côté d'une immense forêt.

Voilà comment vont procéder les Japonais. Leur première réaction est de récupérer aussitôt le maximum d'informations pour établir une carte précise de la forêt. Et ce, en mobilisant tous les moyens à leur disposition : cartes, GPS, mais aussi consultation des Anciens... À partir de là, ils vont prendre le temps nécessaire pour obtenir un consensus collectif sur le chemin qu'ils vont devoir suivre pour atteindre ledit village. Consensus qui implique notamment l'accord de toute la chaîne hiérarchique. Une fois que le consensus est obtenu, tout le groupe – sauf les chefs, qui restent à la maison - s'ébranle et part comme un seul homme dans la forêt, en suivant le chemin prévu, méthodiquement, scrupuleusement.

Las, comme il arrive souvent dans les contes, les choses ne se passent pas comme prévu. Parfois, les Japonais ayant pris trop de temps pour préparer la carte, ils se retrouvent confrontés à des conditions climatiques défavorables.... D'autres fois, des arbres ont poussé, le chemin a été coupé ou dévié, à moins qu'il n'ait été barré par un arbre ou une rivière inconnue. À moins encore que les Anciens, qui ne sont pas allés depuis longtemps dans la forêt, aient oublié certaines difficultés du parcours.


Bref, l'équipe nippone se trouve devant une difficulté imprévue. Sa réaction est sans ambiguïté : elle fera tout pour retrouver le chemin qui avait été défini par consensus, quitte à déployer les grands moyens pour y parvenir (construction d'un pont, déplacement d'arbres, etc.), ni trop regarder les coûts. À ce stade, elle n'envisage à aucun moment de modifier son parcours, ou de revenir en arrière pour demander conseil aux chefs. Pour une raison simple : cela supposerait de remettre en cause le consensus général ayant impliqué toute la chaîne de décision. Et dans la culture japonaise, cela ne se fait pas, c'est à peine si on peut même l'envisager.

Car le consensus initial a nécessité des discussions en cascade entre tous les acteurs de la ligne hiérarchiques, entre N-1 et N, entre les différents N, entre les N et les N+1, etc. La décision finale est donc une sorte d'édifice, que toute modification ultérieure reviendrait à menacer dans ses fondements. Un mot japonais difficilement traduisible résume cet état d’esprit : le "nemawashi".

Donc, l'équipe japonaise n'a qu'une hâte : retrouver le chemin défini. Ils travailleront aussi longtemps qu'il le faut pour cela, mais ils y arriveront. Une fois surmonté cet obstacle, avec l’aide des bon démons de la forêt et en évitant les mauvais démons et les loups, ils rattraperont assez vite leur retard car il leur suffit ensuite de suivre le chemin indiqué sur la carte. Au final, ils arriveront donc au village dans les temps. On peut juste noter au passage qu'aucun membre de l'équipe ne s'est posé la question de savoir pourquoi on devait aller dans ce village.

Voyons maintenant comment les Français vont s'y prendre. D'emblée, c'est un tout autre son de cloche qui se fait entendre. Leur chef les réunit, et leur dit qu'il faut se rendre dans un village par delà la forêt, mais sans être trop précis sur sa localisation. "Il est par là-bas...". Sans perdre une minute, tous foncent dans la forêt, dans la direction supposée du village. Sans carte, ni chemin prédéfinis.

Arrivés au premier embranchement, le groupe s'arrête, commence à se poser des questions sur les raisons qui ont poussé leurs chefs à les envoyer dans ce village, et à débattre sur le chemin à emprunter. Certains veulent passer par ici, d'autres par là, d'autres ne veulent plus aller dans le premier village mais vers un autre, dont on leur a dit beaucoup de bien.


 La discussion s'anime, le ton monte, une dispute éclate, des alliances se nouent, des groupes se forment. Au bout du compte, le groupe éclate en plusieurs sous-groupes, qui empruntent tous un chemin différent. Un peu plus tard, le même scénario se répète, réduisant ainsi encore un peu plus les effectifs de chaque sous-groupe. Or, ceux-ci n'échappent pas plus aux imprévus que les Japonais, mais comme ils sont moins nombreux pour les surmonter, cela leur prend plus de temps. Et chacun développe sa propre tactique. Certains abattent des arbres, d'autres construisent des petits ponts, tandis que d'autres rebroussent chemin en maugréant que de toute façon, "ils avaient toujours dit qu'il ne fallait pas passer par là".

Résultat : l'arrivée se fait dans le désordre. Plusieurs mini-groupes arrivent bien dans le bon village. D'autres sont rentrés avec des champignons qu’ils ont trouvés en cours de route. Une autre équipe a, quant à elle, trouvé le deuxième village, bien plus joli et accueillant que le premier. Une autre encore est rentrée dans la maison de départ contente d’avoir exploré la forêt (ses connaissances serviront d'ailleurs à une autre exploration ultérieure). 


Sans parler de celle qui a croisé le chemin des japonais, et en a profité pour leur demander de l'aide. Ce que ces derniers ont refusé de faire, en disant : "nous avons une carte, un chemin, vous allez nous retarder, retournez chez vous et définissez votre itinéraire".

... Quoi qu'il en soit, le but de ce conte n'est pas de compter les points entre les équipes mais bien plutôt d'illustrer dans un esprit bon enfant les penchants et travers culturels des équipes de Français et de Japonais, quitte à forcer un peu le trait. 


Les ingénieurs à qui Vincent Ricco raconte cette histoire se reconnaissent généralement volontiers dans cette allégorie, dont il ne faut d'ailleurs pas négliger la part humoristique ...