
Création le 28 avril 2009
SUN TSU est LE stratège par excellence.
Écrit au IVème siècle avant J.-C., à l'époque des Royaumes Combattants, dans une Chine en pleine effervescence commerciale et culturelle, l'Art de la Guerre n'est pas seulement un traité de stratégie. C'est également une leçon de sagesse, un art de vivre et une philosophie de l'existence.
Ce livre, traduit du chinois et commenté par Jean Lévi, directeur de recherche au CNRS et essayiste, est paru en 2008 aux éditions Hachette.
Dans son chapitre "Puissance stratégique", Maître Sun a dit :
"On manœuvre une multitude comme on le ferait d'une poignée d'hommes, grâce à la division en corps et à la répartition en unités."
Se-ma Ts'ien, dans sa biographie de Sun Tsu et de Wou Ts'i, illustre cet enseignement de Sun Tsu :
SUN TSU fut reçu en audience par le roi de Wou, Ho-lou afin de l'entretenir de l'art de la guerre.
Le roi déclara :
" J'ai lu vos treize articles. Ne pourriez-vous pas me donner un aperçu de votre art ?
- Bien sûr !
- Pourriez-vous tenter l'expérience sur des femmes ?
- Pourquoi pas."
Le souverain lui dépêcha cent quatre vingt des plus belles femmes de son palais. Sun Tsu les divisa en deux groupes et plaça à leur tête les deux favorites.
D'abord il leur apprit à tenir la hallebarde, puis il leur demanda :
" Savez-vous où se trouve le cœur, votre main droite, votre main gauche, et votre dos ?
- Nous le savons.
- Quand je dirai face, vous me présenterez votre cœur, quand je vous dirai gauche, vous me présenterez votre main gauche, droite votre main droite et arrière votre dos.
- C'est entendu."
Ces dispositions prises, il fit préparer la hache du bourreau.
Il leur répéta les ordres à trois reprises et en leur expliquant le sens plus de cinq fois. Sur ce, il battit le signal : tournez à droite. Les femmes éclatèrent de rire.
Sun Tsu dit : "Si les conventions ne sont pas claires, et les instructions correctement expliquées, la faute en incombe au général."
Il répéta les ordre, les explicita plusieurs fois. Puis il battit le signal : tournez à gauche. Les femmes se remirent à pouffer.
Sun Tsu dit : " Si les ordres et les instructions ne sont pas claires, la faute en incombe au commandant; mais si, alors que ceux-ci ont été parfaitement expliqués, les soldats ne suivent pas les règles, la faute en incombe aux officiers."
Et il s'apprêtait à faire décapiter les responsables de chacune des sections, lorsque le roi, qui suivait le spectacle depuis sa terrasse, voyant avec effroi que ses deux concubines bien-aimées allaient être exécutées pour de bon, lui dépêcha une estafette afin qu'elle lui transmit l'ordre suivant :" Je vois maintenant que vous vous entendez à commander des troupes. Sans ces deux concubines, je ne trouverai plus aucun goût à la nourriture, je vous demande de les épargner."
Sun Tsu lui fit répondre :" J'ai reçu le commandement en chef de vos troupes et en tant que général en chef se trouvant à la tête des armées, je ne suis pas tenu de vous obéir."
Il fit exécuter les deux responsables des sections pour l'exemple et les remplaça par celles qui leur étaient immédiatement inférieures en dignité. Derechef, il les fit évoluer au son du tambour. Les femmes tournèrent à droite, à gauche, de face, de dos, s'agenouillèrent et se redressèrent, exécutant toutes les manœuvres à la perfection, sans oser piper mot.